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vaisseau la supportera-t-il, lui que tant de gens voudraient briser en morceaux ? O Seigneur, vous le savez[1] ! » Cette, fois encore, comme en plusieurs autres circonstances, il jugeait la conduite de ceux qu’il appelait les « ultra-ritualistes » excessive et compromettante, et, en même temps, il sentait que, dans leur cause, étaient engagés des principes qui lui étaient très chers. Il lui répugnait à la fois de se confondre avec eux et de paraître abandonner les vérités qu’on prétendait atteindre en leurs personnes. Dès le début de l’agitation, il avait été question, entre lui et ses amis, de faire une déclaration où ils auraient manifesté leurs opinions sur la question controversée ; mais on n’avait pu se mettre d’accord sur l’opportunité de cette démarche. Après la publication du rapport épiscopal, en juillet 1873, la déclaration ne parut plus pouvoir être retardée. La rédaction en fut laborieuse et quatre mois furent employés à en peser les termes. Pusey comprenait quelle était, en face des préjugés régnans, la difficulté de la tâche. « Il nous faut, ajoutait-il, regagner la confiance du vrai peuple anglais, et, pour cela, nous devons, je pense, appuyer notre proposition sur des autorités anglaises, le Prayer Book ou secondairement les Homélies, et aussi sur le sens commun. » La déclaration fut publiée le 6 décembre 1873, signée seulement de vingt-neuf noms, mais tous de personnages très considérés el appartenant presque exclusivement à l’ancienne école tractarienne. « Nous avons exclu les hommes de l’école avancée, écrivait Pusey. Mackonochie est le seul ritualiste parmi les signataires. C’est en fait un ralliement de la vieille école[2]. »

Dans ce document assez étendu, Pusey et ses co-signataires déclarent « croire que Notre-Seigneur Jésus-Christ a institué, dans son Eglise, des moyens spéciaux pour la rémission du péché après le baptême et pour le soulagement des consciences, moyens spéciaux que l’Eglise d’Angleterre conserve et met en œuvre comme une part de son héritage catholique. » Ils s’efforcent d’établir, en s’appuyant sur les formulaires de l’Eglise et sur les paroles de l’ordination, le pouvoir d’absolution conféré aux prêtres. Des passages du Prayer Book relatifs à la confession des malades, ils concluent qu’il est dans l’esprit de l’Eglise de ne pas retarder jusqu’au lit de mort ce qui serait reconnu bon pour les âmes. Ils affirment que les ministres ont le droit

  1. Life of Pusey, t. IV, p. 266.
  2. Ibid., t. IV, p. 266.