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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/232

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transportent normalement aux tissus. Si minime que soit cette ressource, elle suffit pourtant, l’expérience le prouve, à alimenter en oxygène, en gaz vital nécessaire, les organes et les tissus pendant tout le temps que les globules sanguins ne fonctionnent plus, et en attendant qu’ils fonctionnent à nouveau. On donne ainsi le temps à ces petits corpuscules sanguins de se débarrasser de l’oxyde de carbone qu’ils avaient absorbé. Celui-ci n’étant pas réellement toxique, mais simplement indifférent n’a pas commis, entre temps, de dégât irréparable ; les globules une fois rendus à leur devoir, il n’y a rien de changé dans l’organisme. Le train de vie reprend ut ante. Ainsi s’explique que les animaux puissent vivre dans des doses formidables d’oxyde de carbone, si on leur fournit un autre moyen de se ravitailler en oxygène.

Ce n’est pas seulement d’une curiosité physiologique qu’il s’agit ici. Il est clair que l’homme lui-même peut être sauvé d’un empoisonnement oxycarbonique plus ou moins avancé par l’emploi de l’oxygène comprimé. S’il y avait à l’orifice des puits une chambre à compression, on ne serait plus exposé à voir des mineurs qui, retirés vivans des galeries après une explosion, succombent quelques momens après qu’ils ont été ramenés à l’air.

Les moyens prophylactiques ou de précaution sont ceux qui s’opposent à la production de l’oxyde de carbone dans les tunnels ou qui l’écartent des poumons de l’homme.

M. A. Mosso a proposé de munir les trains traversant le tunnel de quelques cylindres d’air comprimé et d’oxygène comprimé. Ces cylindres d’acier, qu’un homme peut facilement manier, se trouvent dans le commerce à un prix minime : ils contiennent environ cinq kilogrammes de gaz comprimé à 120 atmosphères. Deux de ces réservoirs sont disposés sur le tender : ils sont destinés au mécanicien et au chauffeur ; un autre est placé dans la logette du serre-frein. Chacun peut fournir un courant d’air abondant qui crée une atmosphère respirable et fraîche autour de ces hommes pendant la traversée du tunnel. D’autre part, l’oxygène comprimé est injecté dans le foyer pour activer la combustion et empêcher la production de l’oxyde de carbone qui est le gaz toxique. Avec une dépense insignifiante, ces moyens réalisent parfaitement la protection souhaitée. Les expériences officielles du 14 avril 1900 l’ont amplement prouvé. La fumée qui enveloppe habituellement le tender était immédiatement dissipée et l’atmosphère rafraîchie dès que l’on ouvrait les cylindres : d’autre part, la proportion d’oxyde de carbone dans la fumée de la machine avait considérablement diminué.