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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/280

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travail porte le même nom, cette matière, si docile qu’elle soit, ne rendrait pas ce qu’elle rend, et la filature ne ferait pas ce qu’elle fait.

Des États-Unis ou d’Égypte, par Le Havre ou par Marseille, en balles de 500 ou de 600 livres, le coton vient d’arriver à la fabrique. On l’a, avant de l’expédier, comprimé à la presse hydraulique, pour en réduire le volume et en diminuer par conséquent les frais de transport. Les feuillards, ou bandes de fer plat, dont sont encerclées les toiles de la balle, l’ont empêché de se regonfler et redilater. Empaqueté de la sorte, il occupe la moindre place qu’il puisse tenir. Tout à l’heure, il s’amoncellera en tas sur le pavé. Mais, à son entrée à la filature, « la balle de coton contient une matière qui n’est point homogène. On y trouve des parties longues et nerveuses très blanches, d’autres très chargées de poussières, de graines, et enfin des fibres courtes constituant le duvet ou coton mort. Les diverses balles, provenant de la même origine, peuvent avoir des compositions diverses, et enfin il peut être nécessaire de pratiquer des mélanges pour obtenir un produit satisfaisant dans des conditions de prix déterminées… Le mélange s’obtient en ouvrant les balles et en les étalant dans une salle spéciale, autant que possible, sèche, chauffée et bien ventilée[1]. » Les tas formés, on laisse passer quelques jours, au bout desquels, soit qu’on le fasse à la main, soit qu’on se serve d’un râteau à dents de fer, on a soin d’enlever le coton par tranches verticales, afin que chaque tranche enlevée contienne un échantillon de chaque balle étalée. On procède ensuite au « battage. » Mélangé, le coton reste encore fortement comprimé, les filamens sont agrégés et la masse renferme des impuretés nombreuses. Ce ne sont donc pas seulement les balles qu’il faut « ouvrir, » c’est le coton lui-même, afin de l’amener à l’état floconneux et de le nettoyer. L’« ouvreur » et le « batteur » mécaniques y pourvoient. Après quoi, l’on « carde » et l’on « peigne. » Le cardage « est l’opération fondamentale de la filature. Il a pour but de dénouer les fibres, de les isoler les unes des autres et de les redresser en les parallélisant et en faisant disparaître les inégalités. Autrefois il s’opérait à la main, ce qui donnait un produit très défectueux ; aujourd’hui, il se fait toujours au moyen des machines appelées

  1. Jules Houdoy, ouvrage cité, p. 233.