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momifiées, quelquefois isolément, souvent accolées à des hirondelles, des oiseaux de proie, des grenouilles ou même des insectes. Nous les avons rencontrées plusieurs fois dans les gros fuseaux renfermant des oiseaux rapaces englués dans le bitume et provenant de Sakkara. Dans cette même localité on a trouvé des crânes de musaraignes sacrées (Crocidwa religiosa) dans une momie conique, élégamment enveloppée, imitant celle d’un d’ibis, mais ne contenant que des ossemens brisés du petit mammifère mêlés à des plumes blanches de l’oiseau sacré. Enfin à Thèbes, les momies de cette musaraigne sacrée ont été fréquemment abritées dans de minuscules sarcophages, creusés dans un morceau de bois de sycomore. Cette boîte, d’une seule pièce, est fermée sur le côté par une planchette qui glisse dans des rainures. La momie, soigneusement entourée de bandeletlts antiseptiques, fortement dorée, repose dans le fond du sarcophage, qui porte toujours sur sa face supérieure, sculptée en plein bois, une musaraigne de grandeur naturelle, représentant très fidèlement l’animal sacré, et dorée elle-même comme la momie. Souvent, à l’époque gréco-romaine, ces momies sont déposées dans des sarcophages de bronze portant aussi une musaraigne dorée sur une des faces. Il est vraiment bien difficile d’expliquer la raison pour laquelle les Egyptiens ont momifié si soigneusement une grande quantité de ces insectivores absolument insignifians par eux-mêmes. On ne sait si la musaraigne était l’attribut de quelque divinité domestique. Ce petit animal, probablement à cause de sa vie essentiellement nocturne et de son odeur très pénétrante, n’est que très rarement capturé par les chats. Peut-être est-ce la raison qui l’a fait considérer comme animal sacré, tandis que les rats chassés et dévorés par les félins devaient être regardés comme des animaux immondes et par cela même laissés sans sépulture. Il est possible aussi que les musaraignes fussent respectées parce qu’on les croyait hantées par des âmes humaines occupées à accomplir leurs pérégrinations.

Beaucoup d’espèces d’oiseaux, les rapaces surtout, ont été trouvées momifiées en quantités innombrables. Plus de mille individus ont pu être étudiés avec soin au Muséum de Lyon. Les milans, éperviers, aigles et faucons, ordinairement conservés séparément, ont été plongés dans le bitume liquide, puis enveloppés de bandelettes. Les yeux sont figurés à l’extérieur par deux petits disques en étoffe d’une couleur différente. Lorsque l’oiseau