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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/723

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votée par le Storthing concernant les consulats, nous prenons la liberté de lui proposer de nous relever immédiatement de nos fonctions de membres de son Conseil d’État, vu qu’aucun de nous ne consent à contresigner une résolution que nous considérons comme évidemment nuisible à l’État. Le refus de satisfaction à une demande formulée à l’unanimité par les membres du gouvernement au sujet d’une loi qui a été adoptée à l’unanimité par le Storthing et dont toute la nation norvégienne réclame l’exécution, ne peut pas, à notre avis, être fondé sur des motifs répondant aux intérêts de la Norvège. Il équivaudrait à une négation de la souveraineté de l’État, et serait l’expression d’un pouvoir royal personnel en contradiction avec la Constitution et avec la manière dont elle est appliquée. »

La lettre des ministres norvégiens est l’indice d’une situation très tendue entre la Suède et la Norvège. Cette situation est déjà ancienne : peut-être serait-il vrai de dire qu’elle a toujours existé, car, depuis que les deux pays sont liés par le pacte d’union, l’accord n’a presque jamais existé entre eux et leur histoire commune a été faite des concessions que le premier a toujours été obligé de faire au second. Ils vivent sous le régime de ce que les publicistes appellent l’union personnelle, c’est-à-dire qu’ils ont un seul roi, mais que d’ailleurs ils sont indépendans l’un de l’autre et que chacun d’eux est pleinement souverain. On pourrait croire que, leurs statuts particuliers étant ainsi définis, aucune difficulté n’aurait dû s’élever entre eux : en réalité, il y en a eu constamment, et la principale, celle qui a grossi le plus dans ces dernières années, est celle qui se rattache à la représentation diplomatique et consulaire au dehors, à la représentation consulaire surtout, car c’est par les consuls qu’on commence, sauf à en venir ensuite aux ministres. Il paraît naturel, quand il n’y a qu’un roi, qu’il n’ait qu’une représentation à l’étranger : cependant cela est plus vrai des ministres qui représentent la politique du souverain, que des consuls qui ont la charge des intérêts matériels du pays. Aussi, la Suède aspire-t-elle à avoir des consuls distincts de ceux de la Norvège, et à se faire reconnaître une action prépondérante, exclusive même, sur leur nomination et sur leur révocation.

Cette prétention s’explique de la part de la Norvège ; mais on ne comprend pas moins bien la résistance que la Suède y oppose, soucieuse qu’elle est d’assurer l’unité de la politique suédo-norvégienne, au moyen d’une direction unique donnée à tous les agens des deux royaumes. Le dissentiment est d’autant plus difficile à régler que les deux pays ont d’assez bonnes raisons à invoquer. L’harmonie ne