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LA
LIBERTÉ DE LA PRESSE
AU CORPS LÉGISLATIF


I

La loi sur la presse, présentée en 1868 au Corps législatif, opérait, malgré ses lacunes et ses dispositions contestables, une complète révolution dans le régime de la presse : désormais elle était affranchie par l’abolition de l’autorisation préalable et la substitution de la justice à l’arbitraire administratif. « Si vous obtenez cela, m’avait dit Peyrat, vous aurez justifié votre politique constitutionnelle. » Je l’avais obtenu, et on n’en savait gré à l’Empereur ni à moi. Il n’y avait pas à s’étonner que l’opposition essayât, par ses amendemens, de gagner mieux et davantage. Mais elle ne s’en tint pas là. Exagérant ce qui manquait, amoindrissant ce qui était donné, elle essaya de discréditer la loi contre laquelle elle ne pouvait cependant pas voter. « Nous sommes tous d’accord, dit Jules Simon, dans le parti de la liberté pour préférer la nouvelle loi à l’ancienne et pour déclarer que la nouvelle ne vaut rien. »

Jules Favre profita de cette loi de concession pour reprendre les plus violentes récriminations, non seulement contre le régime abandonné, mais encore contre l’ensemble de la politique impériale au dedans et au dehors : « Après quinze ans, dit-il, d’un pouvoir qui n’a point été contrôlé par la presse, nous en sommes arrivés, en ce qui concerne nos relations extérieures, à