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renommée en lui confiant la suppléance de son cours[1] ; il seconda ses premières vues ambitieuses dans une candidature en Bretagne en 1847[2] ; il contribua à son élection à l’Académie des Sciences morales et politiques[3].

En 1830, Cousin abandonna l’enseignement, devint un des huit membres permanens du Conseil de l’Université et, un instant en 1840, ministre de l’Instruction publique. Il fut le vrai directeur de l’enseignement philosophique pendant tout le règne

  1. Simon se plaint qu’il ne lui ait délégué sur ses appointemens que 1 200 francs. Cousin n’en avait pas autant à l’âge de Simon. Vivant de tous temps en anachorète, il trouvait naturel qu’un jeune homme fît de même. Du reste cette suppléance ouvrait tous les accès des profits littéraires.
  2. Dans son volume Premières années, il écrit à ce sujet : « On me demanda des patrons pris dans le monde politique. Il ne fallait pas penser à Cousin et à Saint-Marc Girardin, qui, pour mes nouveaux alliés et pour moi-même, étaient des réactionnaires. » Et il accuse ensuite Cousin de l’avoir combattu au profit de Cormenin. Cousin n’avait point de motifs de combattre un de ses élèves au profit de Cormenin avec lequel il n’avait point de relations et qui était dans le camp opposé. Les lettres de J. Simon de cette époque montrent que non seulement J. Simon pensa à Cousin, mais qu’il le tint au courant de toutes les péripéties de la lutte comme un patron dont on est sûr et qu’on remercie : « J’ai reçu hier une lettre de M. de Rémusat. Je suis désormais autorisé à invoquer son nom, comme j’invoquais déjà le vôtre. A bientôt donc, mon cher Maître. Croyez à mon profond respect et à ma vive affection. Jules Simon. » — « Merci encore une fois, mon cher Maître, de votre appui, de votre amitié. J’espère que vous savez à quel point j’en suis pénétré, car je n’ai aucun espoir de vous le dire comme je le voudrais. Jules Simon. » (Paris, 13 octobre.) — « Mon cher Maître, Me voilà arrivé de ce matin : je vous écris sur-le-champ, non pour vous apprendre ma défaite, qui vous est connue, mais pour vous dire encore une fois combien je vous remercie de l’intérêt que vous avez pris à cette affaire. Je donne cette journée à la paresse et à l’extrême fatigue ; dès demain, j’irai vous voir. Les partis catholique et légitimiste, voyant mon succès assuré, allaient offrir à mon concurrent leurs 129 voix, aimant mieux renoncer à leur candidat, disaient-ils, que de voir passer un de vos amis. » (26 février 1847.)
  3. « Mon cher Maître, J’ai su par M. Mignet et par Barthélémy l’intérêt que vous aviez pris à ma candidature. Je désire vous en remercier, et être le premier à vous annoncer mon élection, qui s’est faite hier dans de très bonnes conditions. M. Troplong a voté pour moi, de sorte que je n’entre pas à l’Académie comme une machine de guerre. Je vous prie de me croire, mon cher Maître, votre dévoué et fidèle élève. » — Les originaux de toutes ces lettres sont conservés dans les Archives de la Bibliothèque de Cousin à la Sorbonne.