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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/212

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un acide est un sel d’hydrogène. Il suffit dans la formule du sel de remplacer le métal par l’hydrogène pour avoir l’acide correspondant, ou, inversement, de faire la substitution contraire pour passer de l’acide au sel. Par exemple AzO3K est l’azotate de potassium et le métal K se rend à la cathode : AzO3H est l’azotate d’hydrogène ou acide azotique et l’ion il (hydrogénion) se rend à la cathode dans la décomposition électrolytique. Les relations sont les mêmes entre tous les acides et les sels correspondans ; l’acide sulfurique est un sulfate d’hydrogène SO4H2 ; l’hydrogène y fait pendant au potassium K du sulfate de potassium SO4K2 ; — l’acide chlorhydrique HCI est un chlorure d’hydrogène faisant pendant au chlorure de sodium NaCI — et ainsi de suite.

Quant aux bases, leur constitution dérive encore de celle des sels. La potasse, par exemple K (OH), si on la confronte avec K (AzO3), nous apparaît comme un azotate où le reste acide AzO3 est remplacé par le orps OH appelé oxhydrile : on peut aussi bien l’envisager comme un sulfate K2SO4 où le reste acide divalent SO4 serait remplacé par deux oxhydriles. Dans la décomposition électrolytique le métal va encore à la cathode. Le reste (OH) va à l’anode : c’est un anion qui ne peut subsister déchargé et qui, en conséquence, donne lieu à des réactions secondaires.

De là les définitions nouvelles. Les acides sont les composés caractérisés par l’ion positif H ; les bases sont les composés caractérisés par l’ion négatif (OH). Les sels dérivent des acides par substitution d’un cation métallique au cation hydrogène ; les bases par substitution d’un reste acide à l’anion oxhydrile.


II

Les notions précédentes nous acheminent à la théorie des ions ; nous y sommes presque, mais cependant pas encore tout à fait. Il faut faire un pas de plus. Ce pas nous séparera décidément de J.-B. Dumas, de Gehrardt, et de l’école unitaire pour nous ramener à l’ancienne école dualiste, à H. Davy et à Berzélius. Il faut supposer que les ions d’un sel ne se forment pas au moment de l’électrolyse, et par le fait même de cette décomposition électrique ; mais qu’ils préexistent au passage du courant électrique, unis et dissimulés dans chaque molécule de l’acide. Chaque molécule contient le couple anion et cation, dont les charges se neutralisent. En un mot, avant le passage du courant, les deux ions contraires sont associés : après le passage, ils sont dissociés. Associés, ils forment les molécules ordinaires du sel :