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puisque, comme dans l’exemple précité, le titrage introduit le sel neutre de l’acide faible que l’on veut doser. — On court enfin le même risque par le seul fait que l’on dilue la solution initiale. — Pour toutes ces raisons et pour d’autres encore, les dosages d’acidité ou d’alcalinité dans les solutions qui renferment des acides faibles ou des bases faibles doivent être tenus pour très suspects. A moins d’être pratiqués par la méthode électrométrique, ils ne méritent qu’une confiance très relative.


VI

C’est surtout dans le domaine de la biologie et de la médecine qu’il faut tenir pour suspectes les déterminations d’acidité ou d’alcalinité. Les médecins et les biologistes ont attaché, jusqu’à présent, une extrême importance à ces mesures du degré d’acidité des liquides organiques, des milieux d’habitat ou de culture, ou enfin des tissus eux-mêmes. Ils en ont exécuté des milliers. Tout ce travail est complètement vain. Dans les liquides de l’organisme, en effet, les réactions acide ou basique sont dues à des acides faibles tels que les acides carbonique, lactique ou à l’acide phosphorique, qui est sur la limite des acides moyens, — ou à des bases faibles comme l’ammoniaque.

Quelquefois même, — et c’est le cas du sang, — la réaction alcaline est due à des mélanges de sels tels que le carbonate, le bicarbonate et le phosphate de soude. Or des conditions extrinsèques très nombreuses peuvent influer sur le degré d’alcalinité de sels de ce genre. M. Victor Henry a bien mis en lumière l’incertitude qui en rejaillit sur toutes les déterminations de l’alcalinité du sang et conséquemment sur les conclusions qu’on a cru pouvoir en tirer.

Les physiologistes se sont beaucoup préoccupés de la réaction du sang chez l’homme et les animaux supérieurs. Il y a quelque trente ans, on déclarait que le sang est un milieu normalement alcalin. On admettait que le degré d’alcalinité pût varier entre certaines limites ; mais l’existence de la réaction et sa constance paraissaient établies. Jamais, disait Claude Bernard, on n’a trouvé au sang une autre réaction que la réaction alcaline sur l’animal vivant et dans les conditions physiologiques. Et voici maintenant que M. Foà trouve, par une méthode perfectionnée, que le sang est un liquide extrêmement près de la neutralité chimique. Il se comporte à peu près comme l’eau distillée. D’autres observateurs qui, avant M. Foà, ont employé, avec moins de