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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



29 juin.

Les préoccupations continuent de se porter sur la situation extérieure : elles sont moins vives, mais toujours présentes. Le gouvernement allemand a répondu par une note à la note française qu’il avait reçue quelques jours auparavant. De ces deux documens, nous savons peu de chose : la prudence, et aussi l’expérience, nous conseillent de nous défier des versions plus ou moins fantaisistes données par les journaux. Cette réserve nous rend très difficile, sinon même impossible, d’émettre un jugement d’ensemble sur une situation mal connue dans le présent, et incertaine dans l’avenir. Mais une chronique est écrite ad narrandum et non pas ad probandum : il lui est permis de se cantonner dans le domaine des faits et d’en suivre l’ordre chronologique. Cela nous conduit à parler tout d’abord de l’émotion qui s’est produite subitement dans les esprits le 22 et le 23 juin, et qui s’est manifestée à la Bourse par une baisse légère, mais pourtant sensible.

Sans doute, on aurait tort de prendre la Bourse pour un thermomètre exact de l’opinion ; toutefois, elle la reflète en partie, et ses brusques oscillations, si elles ne correspondent pas toujours à la réalité des choses, donnent du moins quelques indications sur l’idée qu’on s’en fait dans certains milieux. Pendant plusieurs jours consécutifs, la Bourse a donc baissé. Les personnes les mieux informées de la marche des négociations s’étonnaient de cette sorte de panique et déclaraient que rien ne la justifiait. Pourquoi s’est-elle produite tel jour plutôt que tel autre ? Pourquoi pas la veille aussi bien que le lendemain ? Aucun fait particulier ne pourrait en fournir l’explica-