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« Ci-joint, en pièces de vingt francs, cinq cents francs pour l’usage indiqué[1]. » Continuez, et distribuez par-ci par-là la mancia competente, mais ne vous engagez pas, et surtout ne m’engagez pas ; — il a beau tirer et retenir : tout est engagé à fond. Le 12 janvier 1861, Teccio télégraphie en chiffres au comte de Cavour[2] :


Pantaleoni vous mande : « Le cardinal Santucci, malgré ses instances, a cru devoir tout dire au Pape qui lui demandait quel était ce projet d’arrangement. Le cardinal Santucci lui a parlé de la perte inévitable du temporel, des propositions reçues amicalement. Le Pape a montré se résigner à tout. On a appelé Antonelli. Il a d’abord opposé, mais après il s’est résigné aussi, et il a demandé au Pape de relâcher lui et Santucci du serment pour traiter du possible abandon du temporel, » Ils verront Passaglia vendredi 18 : et celui-ci me demande de leur part que l’on nomme pour négocier officieusement ou quelqu’un ici ou de Turin. Dans ce dernier cas, on désire connaître l’individu d’avance, et ils prient qu’il ne soit pas un avocat. Pantaleoni vous écrit et envoie un courrier à la frontière. Si vous vouliez gagner du temps, télégraphiez-lui, comme quoi vous lui envoyez des instructions par le courrier anglais. Il montrera le télégramme.


Si maître qu’il fût de lui-même, Cavour éprouva certainement quelque émotion à la lecture de cette dépêche. Il y avait bien, à la vérité, ce mouvement d’ Antonelli se jetant presque à genoux, et demandant au Souverain Pontife de les relever, le cardinal Santucci et lui, du serment qu’ils avaient prêté de défendre le patrimoine de l’Église usque ad effusionem sanguinis ! La feinte était habile et devait toucher Pie IX en plein cœur. Mais ce mot restait : « Le Pape a montré se résigner à tout. » Avec quelle impatience Cavour attendait donc le courrier qui devait lui apporter le compte rendu de l’entrevue du cardinal Antonelli et du Père Passaglia, fixée au vendredi 18 janvier ! Le 24, il n’a rien encore ; le 27, rien ; il n’y tient plus, il télégraphie à Teccio : « Dites à P… que son courrier n’est pas arrivé, et que nous sommes inquiets[3]. » Le 29 : « Veuillez dire à Pant… que son courrier n’est pas arrivé[4]. » Les télégrammes eux-mêmes circulent désormais difficilement, et sont tout défigurés. Enfin, le 31 janvier : « Dites à Pantaleoni que j’ai reçu les lettres du 19 et

  1. L’Idea ilaliana, Documenti, XI, 27 décembre 1860, p. 188.
  2. Ibid., Documenti, XII, 12 janvier 1861, p. 189. En français, dans l’original.
  3. Ibid., Documenti, XIV. Telegramma di Cavour, 27 janvier 1861, p. 190.
  4. Ibid., Documenti, XV. Telegramma di Cavour, 29 janvier 1861, p. 191.