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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/413

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SOUVENIRS
D’UN
MARIN DE LA RÉPUBLIQUE

DEUXIÈME PARTIE[1]


VI
Paix d’Amiens. — Naufrage du Desaix à Saint-Domingue. — Démission de mon frère Pierre. — Embarquement sur l’Intrépide. — Guerre contre les nègres révoltés. — La fièvre jaune. — L’escadre de l’amiral Villeneuve.


Le 1er octobre de cette année 1801, les préliminaires de la paix, appelée paix d’Amiens, furent signés à Londres, et le 10 les ratifications en furent échangées. Ce n’était pas encore pour nous autres marins l’heure du repos, et, dès que nos vaisseaux furent réparés et nos équipages complétés, nous fîmes route sur Saint-Domingue. Nous eûmes de très gros temps pendant la traversée de l’Atlantique, et, en approchant des Antilles, il fallut constamment louvoyer contre des vents contraires. Au commencement de février 1802, dans un virement de bord lof pour lof commandé trop tard par l’amiral, le Desaix, qui était serre-file, se trouva inopinément rapproché des brisans du Picolet. La brise était très fraîche, et avant que la manœuvre ait pu être terminée nous touchâmes

  1. Voyez la Revue du 1er juillet.