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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/615

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défendit dans un procès retentissant, qui se termina par la condamnation de vingt-cinq prévenus à une amende de 10 500 francs chacun. Néanmoins les « courtiers-marrons » reparurent, après une courte éclipse et, malgré de nouveaux arrêts confirmant la jurisprudence de la Cour suprême en ces matières, ils ont persisté.

Ils avaient donc leur raison d’être : avec le développement des affaires et le caractère international qu’elles prennent davantage chaque jour, ces gens naguère très dangereux, qui cumulent les professions de banquiers, d’émetteurs, d’arbitragistes et de banquiers, étaient devenus indispensables. Élément actif, audacieux, ne ménageant pas leur peine, ils supplantaient les agens qui, se voyant lésés, firent une nouvelle campagne. Un règlement de 1898, aujourd’hui en vigueur, fit à chacun sa part. Nombre de coulissiers refusèrent tout d’abord d’accepter la leur ; ils émigrèrent à Bruxelles, d’où ils sont peu à peu revenus, faute de trouver en Belgique la faveur et le crédit sur lesquels ils comptaient. A Paris, l’association des courtiers libres s’est refondue et constituée en trois syndicats distincts, dont l’effectif n’a rien de fixe, mais où l’admission des valeurs cotées et celle des intermédiaires qui les négocient est soumise à des statuts protecteurs.

L’apparition des mines d’or avait révélé chez certains financiers anglo-allemands l’usage de procédés absolument neufs. Après la centralisation des mines de diamant par une société puissante dont Cecil Rhodes fut l’inspirateur ; après le lancement, en 1889, de la Robinson Gold, qui valut à ses promoteurs, en récompense de chaque débours initial de 16 000 francs, un million et demi de bénéfices, de nouveaux spéculateurs imaginèrent de morceler les territoires aurifères, ou supposés tels, du Transvaal en damiers — en « claims » — suivant évaluation du rendement probable.

Non contens de s’attribuer, en paiement de leur apport, la moitié environ du capital, ils se procuraient un deuxième bénéfice en émettant les actions au double ou au triple de leur valeur nominale. Deux employés de banque, Allemands d’origine, amenés par leur patron dans l’Afrique du Sud, où ils s’établirent pour leur compte, ont ainsi réalisé une fortune d’un milliard de francs chacun. Seulement l’impudence un peu forte de ces introductions, trop réussies, fit du tort, une fois connue, aux