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la fin de la lettre, quand le style s’échauffe et s’allume un peu :

« Les lois que j’ai juré de respecter et le bien des royaumes unis m’ont dicté la décision que j’ai prise relativement à la question consulaire, mais le Conseil s’y est opposé non seulement par un refus de la contresigner, mais en offrant sa démission. Lorsque j’ai déclaré que, « ne voyant pas pour le moment la possibilité de former un autre gouvernement, je n’acceptais pas la démission du Conseil, les ministres ont formulé la menace que tout Norvégien qui prêterait son concours à ma décision serait dès ce moment sans patrie. Je fus donc placé dans l’alternative soit de rompre le serment que j’ai prêté au Riksakt (l’Acte d’Union), soit de me trouver sans conseil. Je ne pouvais hésiter sur la décision à prendre.

« Ainsi, après avoir cherché, contrairement aux dispositions de la loi fondamentale, à rendre nulle une décision légalement prise par le souverain, les membres du Conseil, en déposant leurs mandats auprès du Storthing, ont laissé le Roi sans conseillers. Le Storthing a approuvé cet attentat à la Constitution et, par un acte révolutionnaire, il a déclaré que le roi légitime de Norvège avait cessé de régner et que l’union avec la Suède était dissoute.

« Il appartient à la Suède et à moi, comme roi de l’Union, de décider si l’attentat entrepris contre l’Union aura pour suite la dissolution légale de cette Union. »

Encore y a-t-il deux lignes de trop, et qui affaiblissent tout le reste : « Le jugement des contemporains et de l’histoire décidera entre moi et le peuple norvégien. » Dès lors que « le roi légitime de Norvège, » cessant de régner « par un acte révolutionnaire, » s’en remettait au « jugement des contemporains et de l’histoire, » le Storthing norvégien n’avait plus à se gêner ; aussi ne faiblit-il, lui, ni ne mollit-il. Il ne s’aigrit pas davantage, et, dans sa réplique, il dit tranquillement ce qu’il veut, comme il sait qu’il le veut et qu’il le peut vouloir :

« Sire… Ce qui vient maintenant de s’accomplir en Norvège est le résultat nécessaire des événemens politiques unionnels des derniers temps et ne peut être changé ; et, comme aucun des deux peuples ne désire non plus assurément revenir à l’ancien état de choses unionnel, le Storthing ne pense pas devoir examiner les différentes questions relatives à la constitution et au droit public qui sont mentionnées dans la lettre de Votre Majesté…

« Le Storthing a pris une décision qu’il était nécessaire de