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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/146

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assistance et faire en sorte que s’il n’en veut pas, ce soit uniquement sa faute à lui. Comment cela ? Par une méthode très rationnelle et très simple, la voici : qu’à chaque pas fait par le condamné dans la voie du repentir sérieux, du travail et du respect, corresponde un pas fait par la société du côté de la clémence et du pardon ! Qu’à chacun des efforts de celui-là réponde une aide accroissant d’autant son espérance de réhabilitation. Il y a là une assistance réelle qui complète la répression comme la charité complète la justice.

Pour y réussir, il est des nécessités qu’on ne supprimera pas ; il est des combinaisons qu’on doit sans cesse améliorer dans la pratique, mais qu’on ne pourra jamais remplacer. Tel est l’enchaînement de ces trois parties de l’œuvre sociale que nous étudions : l’emprisonnement individuel, le patronage et la libération conditionnelle. Il ne faut pas se lasser de redire que ces trois phases de l’intervention salutaire sont étroitement liées l’une à l’autre et se réclament l’une l’autre.

Est-ce bien là de l’assistance ? Indubitablement. N’est-ce pas assister le condamné que de le soustraire à une promiscuité où ses codétenus achèveraient de le corrompre autant qu’il achèverait de les corrompre eux-mêmes ? Par là seulement est rendue possible la partie capitale de cette œuvre si difficile, je veux dire le patronage. Qu’a donc à faire le patronage ? Rétablir les relations entre le condamné et sa famille, si sa famille est honnête, lui chercher d’avance du travail, choisir pour lui ou avec lui entre le rapatriement dans son pays d’origine, l’engagement militaire et l’émigration, économiser son pécule, veiller à ce qu’il n’en fasse pas un usage désastreux, demander pour lui, au bon moment, la libération conditionnelle, le suivre dans cet essai, s’inquiéter, dès que les circonstances et le temps écoulé le permettent, de sa réhabilitation légale, en recueillir les élémens et les faire accepter de qui de droit, et ainsi de suite. Mais tout cela, c’est une suite d’interventions qui, pour se faire accepter utilement, ont besoin d’être préparées. Ce n’est pas dans le premier accablement du lendemain de l’incarcération, c’est encore moins au lendemain d’une libération complète et attendue avec toute l’impatience des instincts comprimés, ce n’est pas non plus en présence de tous les compagnons d’infamie qu’on peut improviser de telles tentatives. Elles demandent à être poursuivies dans les longues heures où la cellule dissipe les illusions