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LES
ÉPOQUES DE LA MUSIQUE

L’OPÉRA-COMIQUE

C’est une époque toute française ; au moins la plus française de toutes, et de beaucoup. Il est vrai qu’elle semble s’ouvrir au milieu du XVIIIe siècle sous l’influence d’un chef-d’œuvre italien : la Serva Padrona, de Pergolèse. Mais elle s’était ouverte en réalité quatre ou cinq cents ans plus tôt, avec le Jeu de Robin et de Marion, le premier de nos opéras-comiques et longtemps le seul. Qu’importe aussi qu’au XVIIIe siècle, Grétry ne soit pas né tout à fait chez nous, ou que, dans le siècle suivant, la musique — française — de la Fille du régiment, ne soit pas signée d’un nom français ? L’opéra-comique a beau devoir à l’Italie un de ses exemplaires les plus connus, sinon les plus précieux, à la Flandre un de ses plus grands maîtres, il n’en demeure pas moins le genre qu’on a coutume d’appeler « éminemment national, » tantôt avec trop d’orgueil, tantôt avec trop de dédain. Il suffit d’entendre par ces paroles qu’il est le plus nôtre de tous, sans prétendre qu’il en soit le plus éminent.

Ce genre, quoi qu’on dise, n’a pas tout à fait disparu ; cette époque n’est pas hermétiquement close. Les chefs-d’œuvre de l’un sont anciens ; les grands jours de l’autre sont passés. Il en subsiste pourtant plus que le souvenir, ou l’histoire, ou la légende : un charme, un parfum affaibli, mais non point évaporé.