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que ce sont des anormaux, des malades ; dans les maisons d’éducation, oui encore, à la condition qu’on ne l’y applique qu’aux malades, et même seulement à certains malades.

C’est ainsi que Liégeois dit justement qu’il faut voir dans l’hypnotisme, non un procédé d’éducation, mais seulement un moyen de réformer des natures viciées.

De même pour Félix Hément, « il ne s’agit pas d’une méthode d’éducation à employer d’une manière générale, mais d’un traitement, d’un moyen curatif à appliquer à des intelligences ou à des natures vicieuses. »

Donc, les expériences et les résultats de Berillon, tout remarquables qu’ils sont, ne sont pas en contradiction avec les assertions émises ci-dessus et nous laissent cette conviction que l’hypnotisme a l’inconvénient de provoquer ou de faciliter les désagrégations suspolygonales.


D’après tout cela, je ne peux pas admettre l’opinion des auteurs qui veulent assimiler la suggestion à l’éducation et essaient de répondre par cette assimilation même aux objections faites à l’hypnotisme.

Pour Leclère, l’hypnotiseur ne porte pas plus atteinte à la liberté morale de l’hypnotisé que le professeur qui inflige la moindre punition morale à un enfant paresseux. Bernheim considère l’éducation comme un ensemble de suggestions à l’état de veille : il fait de l’hypnotisme « un adjuvant salutaire de l’éducation morale. »

La suggestion s’empare ainsi de l’éducation entière et, comme, suivant la parole de Leibniz, « celui qui est le maître de l’éducation est le maître du monde, » la suggestion devient la souveraine de tout. Et ceux qui font cette psychothérapie méritent les reproches, cités plus haut, de Wundt.

Et comme « la pédagogie a pour objet l’éducation des enfans, » le meilleur des pédagogues est le médecin hypnotiseur et on comprend le mot de Desjardins à l’Académie des sciences morales et politiques : « Le comble du ridicule est de vouloir transformer l’hypnotisme en procédé de pédagogie. »

La réponse à tout cela est facile à déduire des distinctions établies plus haut.

Hypnotisme et éducation sont des procédés psychiques l’un et l’autre ; mais ce sont des procédés psychiques absolument