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objets et les personnes qui m’entourent, partout. Et alors, comme j’ai peur de faire un sacrilège, je passe mon temps, en souffrant horriblement, à laver tout ce qui me touche, tout ce qui m’entoure, en craignant qu’il y ait un contact irrespectueux. J’en suis arrivée à ne plus savoir comment m’habiller, parce que, sur toutes mes robes, sur tous mes vêtemens, j’ai cru en apercevoir. Je ne sors plus. Il me faudrait acheter douze paires de gants par jour, n’osant plus remettre les mêmes… Je n’ai pas l’hallucination visuelle de l’hostie ; je n’en vois pas la forme. Mais, comme j’ai cette idée perpétuelle, tout ce que je découvre sur moi de blanc et y ressemblant, je suis persuadée que cela en est… »

J’estime que dans un cas comme celui-là la psychothérapie inférieure serait désastreuse. Les centres psychiques supérieurs sont faibles, n’ont pas la force de chasser ou de classer les idées plus ou moins saugrenues qui se présentent à eux. Par l’hypnose j’affaiblirais encore plus le centre O qui a besoin de réconfort.

Mais on peut cependant traiter psychiquement cette malade, puisque son O n’est que faible, qu’il reconnaît la non-existence réelle de ces hosties obsédantes.

Puisque cette malade n’a pas d’hallucination vraie, n’a pas de sensation fausse ; puisqu’elle sait qu’il n’y a pas réellement d’hostie dans ces taches blanches, il faut lui donner la force d’en repousser l’obsession, il faut obtenir de son O qu’il marche volontairement sur ces taches malgré la crainte du sacrilège, qu’il les touche résolument sans aller se laver après…

Il faut donc faire ici non de la psychothérapie qui désagrège les psychismes, agit sur le seul polygone et affaiblit l’union d’O avec les centres inférieurs, mais de la psychothérapie qui s’adresse à l’entier psychisme, fortifie O, lui redonne confiance en soi, accroisse sa puissance de direction sur l’automatisme…

Voilà un exemple qui montre bien, ce me semble, combien la psychothérapie supérieure est différente de la psychothérapie inférieure, a des indications et des contre-indications différentes.


Beaucoup d’auteurs ont fait et font de la psychothérapie supérieure, les uns en le sachant, les autres sans le savoir.

Dans les premiers, je citerai Payot et Dubois de Berne dans leurs beaux livres sur l’Éducation rationnelle de la volonté et sur