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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/443

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À ces installations, mais en dehors, afin de ne rien faire perdre aux appartemens du château de leur royal aspect et de les montrer le plus possible tels qu’ils étaient habités, on pourrait, particulièrement dans l’aile affectée à la Chambre des députés, ajouter des collections de gravures originales ou empruntées à la Chalcographie, de médailles, de reproductions d’ouvrages, d’objets, de documens de toute sorte, relatifs au Versailles d’avant la Révolution. Ce serait là une sorte de musée Carnavalet des derniers règnes de la monarchie, qui s’enrichirait très vite, on ne saurait guère en douter en présence de tous les dons faits au Louvre et aux autres musées. Si Versailles, qui mériterait tant de voir se former, pour sa défense et sa restauration, une société semblable à celle des Amis du Louvre, se recommandait, sous cette forme nouvelle, à leur munificence, beaucoup de donateurs, — il y a dans les collections privées de si nombreuses richesses dont les possesseurs redoutent la dispersion[1], — ne manqueraient pas de lui léguer des souvenirs précieux.

Il serait facile de multiplier ces indications. Celles-ci suffisent pour marquer ce que pourrait devenir le musée de Versailles, s’il élargissait son programme ou, plus exactement, s’il reprenait, complété et développé, celui de son fondateur. En cessant d’être exclusivement un musée de peinture et de sculpture, il ne ferait, au surplus, qu’entrer dans la voie ouverte, depuis plusieurs années, au Louvre, au Luxembourg, aux expositions annuelles. Dans ces musées, dans ces expositions, des séries nouvelles ont été admises. Au Luxembourg, de très intéressantes vitrines sont affectées à la céramique, à l’orfèvrerie, aux industries d’art ; le Louvre, renferme des salles consacrées à des meubles, à des tapisseries ; dans les expositions, l’art décoratif a pris une place que ses succès ne peuvent qu’accroître. Versailles suivrait ces intelligens exemples en devenant un musée général de l’art, sous toutes ses formes. Il le serait d’autant plus naturellement et heureusement que, pour l’architecture, la sculpture, la peinture, les bronzes, les fines et exquises boiseries, bref, l’art du décor tout entier, le château est déjà par lui-même ce musée. Hormis les Invalides et la colonnade du Louvre, dans quels édifices, plus qu’en ceux de Versailles, trouverait-on une suggestive évocation

  1. On en aurait un exemple, à Versailles même, à la bibliothèque de la ville, située à la porte du château, et qui, en ces dernières années, a reçu des dons nombreux.