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à peine besoin d’ajouter qu’elle fut repoussée par les commissaires allemands. La discussion continua donc à porter sur la zone à délimiter autour de Belfort.

La ligne de faîte entre Rhône et Rhin, dont avait parlé M. Gustave Renault, a son point de départ au Ballon d’Alsace, à 20 kilomètres de Belfort ; à hauteur du col de Valdieu, qui marque le bief de partage du canal du Rhône au Rhin, elle n’en est plus qu’à 13 kilomètres ; à partir de là, elle s’éloigne de plus en plus de Belfort jusqu’à la frontière suisse qu’elle atteint en un point situé à 24 kilomètres de la place. Le tracé par cette ligne aurait laissé à la France environ la moitié, et non la totalité de l’arrondissement de Belfort, comme l’a écrit le colonel Laussedat ; en effet, les vallées de la Doller (Massevaux) et de la Thur (Saint-Amarin et Thann) qui appartiennent au bassin rhénan, faisaient partie de cet arrondissement. Le colonel Laussedat a répété très souvent cette erreur dans son livre où elle est gênante pour suivre le développement de ses idées, et rend parfois confuse son argumentation en faveur de la thèse soutenue par lui ; nous ne croyons pas, d’ailleurs, qu’elle ait pu exister dans sa pensée au moment où il siégeait à la Commission de Bruxelles.

Pendant que les commissaires français s’efforçaient de faire porter de 5 à 7 kilomètres le rayon de la zone à fixer autour de Belfort, les Allemands captivés par la solution géographique de la ligne de faîte, mais pensant qu’ils ne pouvaient l’adopter sans compensation, offrirent spontanément d’échanger les territoires à rétrocéder, dans ces conditions, autour de la place, contre d’autres situés entre Thionville et Longwy. C’est ainsi qu’ils avaient déjà procédé, au début, en exigeant en échange de Belfort les communes de Sainte-Marie-aux-Chênes et de Vionville.

L’échange devait procurer à l’Allemagne un certain nombre de communes françaises du département de la Moselle, dont les territoires contenaient de riches gisemens de fer. La France serait privée, par suite du tracé nouveau qui en résulterait, de tout contact avec le Grand-Duché de Luxembourg, mais elle pourrait obtenir, autour de Belfort, une zone comprenant un nombre d’habitans et d’hectares supérieur à celui qui serait concédé aux Allemands.

Nous n’indiquons ici les conditions d’échange que dans leurs traits d’ensemble, sans mentionner la superficie et le nombre d’habitans des territoires à rétrocéder de part et d’autre, afin de