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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/697

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mieux et de discuter avec calme et courtoisie des questions dans lesquelles leur compétence est indéniable. Bien entendu, la politique est absente de ces délibérations, car elle n’aurait que faire parmi des gens qui, n’ayant à plaire à personne, opinent dans la plénitude de leur indépendance.

— Quoique fonctionnaires ? dira-t-on.

— Oui, et même parce que fonctionnaires, car dans ‘l’Inde le fonctionnarisme, au lieu d’asservir ceux qui en font partie, leur confère de toutes spéciales garanties de liberté morale.

Ceci posé, quel est le rôle de la vice-royauté à l’égard des deux présidences et des huit gouvernemens provinciaux ? Je ne parle pas des Native States afin de ne point compliquer la question.

Ce rôle est très facile à définir.

Le vice-roi et le conseil vice-royal s’occupent exclusivement des affaires « impériales, » c’est-à-dire de celles intéressant les services dont le fonctionnement doit être un et qui présentent un caractère d’utilité générale, comme : la dette publique, les douanes, les taxes « impériales, » le change, les patentes, les postes et télégraphes, la défense militaire et navale, les relations extérieures, le Code pénal, les cultes, la propriété littéraire, etc. Rien de plus sage, car si chaque gouvernement avait le droit de traiter à son point de vue spécial ces divers objets, on ne ferait plus de la décentralisation, mais de l’irrédentisme ; on n’aboutirait point à l’autonomie des provinces, mais à leur dislocation, « puisque, entre elles, se dresseraient des murailles douanières et judiciaires ; ce serait ‘l’incohérence et le chaos.

Comment pourrait-on, sans unité de direction dans la politique tant intérieure qu’extérieure et dans l’organisation des grands services publics, instituer un plan d’ensemble, équilibrer les multiples forces mises en action ? Un régulateur suprême, une autorité qui coordonne les élémens épars et les lie en faisceau sont donc nécessaires. Telle est la tâche incombant au vice-roi. Il est le gardien du pacte, il donne l’impulsion, il indique le but auquel doivent tendre les communs efforts et, par le fait même qu’il possède les attributs de la souveraineté, il domine les ambitions, empêche les conflits, oblige chacun à se cantonner dans son domaine où, d’ailleurs, il n’intervient point.

L’organisation des Présidences de Bombay el de Madras est conforme à celle que je viens d’indiquer : conseil privé qui se