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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/725

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forteresses maintenues ne serviront jamais à rien, c’est-à-dire qu’il n’y aura jamais de guerre entre la Suède et la Norvège. Il a été décidé que les deux pays feraient un traité d’arbitrage au moyen duquel toutes les difficultés entre eux seront résolues pacifiquement. Puisse-t-il en être ainsi ! Aux termes de l’accord, y est-il dit, les deux États s’engagent à envoyer devant la cour arbitrale de La Haye les litiges qui ne concerneront pas l’indépendance, l’intégrité et les intérêts vitaux des deux pays. C’est la formule ordinaire : elle est fort peu obligatoire, puisque les deux États restent toujours libres de soutenir que l’objet de leur conflit n’y entre pas. On dit ensuite que, si un différend entre les deux États affecte les intérêts vitaux d’un des pays, il sera soumis à la Cour arbitrale, ce qui a l’air d’être en contradiction avec ce qui précède. S’agit-il des intérêts d’un seul des deux pays ? C’est un peu subtil. Enfin les différens relatifs à l’interprétation et à l’application du traité qui sera conclu à l’occasion de la dissolution de l’Union échapperont, eux aussi, au tribunal de la Haye : il est probable que cela comprendra encore beaucoup de cas. Mais il faut voir les choses dans leur ensemble et dans leur vérité. Le traité d’arbitrage entre la Suède et la Norvège ne peut pas échapper au caractère général des traités de ce genre qui n’empêchent la guerre que lorsqu’on ne veut pas la faire. L’arrangement se complète par certaines dispositions relatives au droit de pâturage des Lapons en Norvège, question très spéciale à laquelle les Norvégiens attachaient beaucoup d’intérêt. Là aussi on leur a accordé des satisfactions appréciables, en limitant l’exercice, du droit.

Tout cela sera soumis aux deux Parlemens ; après quoi on procédera officiellement et définitivement à la dissolution de l’Union. Elle sera notifiée aux pays étrangers, et la Suède, et la Norvège feront désormais deux États séparés. Quel sera le roi de Norvège ? Le roi de Suède n’a pas répondu à l’offre de la couronne qui lui avait été faite pour un de ses fils, et l’offre ne sera pas renouvelée. La république a des partisans ; elle aurait été une solution très acceptable pour un pays aussi profondément démocratique que la Norvège ; mais on a pensé sans doute que la Suède, ayant un roi, conserverait sur une république la supériorité qui vient des alliances de famille, et tout porte à croire que la. Norvège voudra aussi en avoir un. Toutes les chances aujourd’hui sont en faveur du prince Charles de Danemark, marié à une fille du roi d’Angleterre. La Norvège est libre de son choix : si elle s’arrête à celui-là, la France ne pourra en accueillir la nouvelle qu’avec sympathie. Nous rappelions récemment que la