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Quant à l’autre, la cherté de la construction navale, il ne faut, pour la faire disparaître, qu’une clientèle étendue d’armateurs.

On pourrait résumer ainsi le raisonnement qui a guidé la Commission dans ses travaux : nous avons besoin d’une marine marchande pour l’extension de notre commerce et les besoins de la défense nationale. Nous ne pouvons pas la créer sans lui assurer une protection. Mais cette protection ne sera que temporaire. Son but n’est pas de conserver et de garantir une industrie décadente, mais de fortifier une industrie naissante. Faisons en sorte que les Américains puissent entreprendre la navigation de concurrence. Et nous avons confiance qu’ils le feront avec les méthodes américaines qui ont transformé tant d’autres industries.

En réalité, les membres de la Commission devaient avoir cette confiance dès la première de leurs séances. Les témoignages qu’ils ont recueillis leur ont permis de préciser la situation ; mais, lorsqu’ils ont entrepris leur enquête, ils étaient décidés par avance à mettre l’armement américain à même de lutter avec l’armement étranger. Ce qui les préoccupait surtout, c’était de trouver un moyen efficace d’atteindre leur but. Et, pour y arriver, ils ont eu à examiner les systèmes les plus divers.


II. — LES SOLUTIONS ENVISAGÉES

Il y a eu, en premier lieu, les solutions radicales inspirées par les principes intangibles. « Vous ne pouvez pas songer, quoi qu’il arrive, à donner des primes à la marine marchande, ont affirmé des déposans à J’enquête. Cela est inconstitutionnel. » Des avocats, des professeurs, des membres d’associations ouvrières sont venus soutenir devant la Commission qu’il était contraire à la Constitution des États-Unis de taxer les citoyens au bénéfice d’un autre citoyen. Ils invoquaient notamment une décision de la Cour suprême de l’État de Michigan contre l’établissement d’une prime à la betterave sucrière dans cet État[1].

Tout naturellement, le remède qu’ils proposaient consistait dans une liberté illimitée d’achat de navires à l’étranger et de composition des équipages. Free Ships, free Crews, tel était le résumé de leurs vœux. Et un assez grand nombre d’hommes

  1. Hearings, t. II, p. 763.