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a eu pour chantres des romanciers qui prédisaient uniformément la victoire du canon. En voyant aujourd’hui réduire l’épaisseur des plaques, le public pourrait croire qu’elle s’est terminée en faveur de la cuirasse ; il se tromperait, car elle se poursuit toujours, bien qu’avec une importance amoindrie et dans des conditions différentes. La compétition des épaisseurs et des calibres atteignit son maximum d’acuité vers 1880. Les cuirasses, à ce moment, étaient arrivées à l’épaisseur de plus de soixante centimètres, exactement deux pieds anglais, soit six fois ce qui suffisait au début. L’artillerie, plus modeste, s’était arrêtée aux calibres voisins de quarante centimètres ; elle n’a jamais dépassé beaucoup le poids de cent mille kilogrammes pour un canon nu, sans l’affût et les autres accessoires.

L’accroissement du calibre des canons et celui de l’épaisseur des plaques rencontraient, au point de vue des constructions navales, des difficultés d’un ordre tout différent.

Pour accroître le calibre des canons, il suffit d’en réduire le nombre. On mit donc quatre grosses pièces, par exemple, dans un réduit, à la place des trente ou quarante canons de seize centimètres qui garnissaient les batteries blindées des premières frégates. Quelques rares pièces moyennes furent conservées à ciel ouvert sur le gaillard ; la petite artillerie n’existait pas encore. Tel fut l’armement de plusieurs dérivés de la Gloire et du Warrior.

L’augmentation d’épaisseur des cuirasses présentait un problème moins commode. La difficulté gisait, bien entendu, dans la limite du poids dont on disposait pour la protection, et nullement dans la puissance des marteaux et des laminoirs. Il fallait réduire l’étendue de la surface cuirassée, dans la proportion où l’épaisseur des plaques augmentait, ce qui se fit par deux procédés différens.

La première solution trouvée fut, en conservant toute la disposition des hauts des frégates, de cuirasser seulement la même bande inférieure que sur les monitors, avec, en plus, ce qu’il fallait pour couvrir l’artillerie. Elle fut adoptée, en France, sur les cuirassée type Marengo et leurs dérivés, ainsi que sur les gardes-côtes type Bélier, en Angleterre sur le Bellerophon, l’Hercules et les navires un peu postérieurs du modèle Alexandra.

La seconde solution consista dans l’adoption du type monitor mitigé par l’addition des superstructures les plus