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principale responsabilité du rejet, je remarquai, et je lui fis observer, qu’il attribuait, au cloisonnement de la tranche cellulaire, un poids dix fois trop fort, par suite d’une erreur de décimale.

De 1873 à 1881, il ne fut fait en France que deux études de bâtimens à flottaison cellulaire : l’une, que je viens de mentionner, rééditant celle de 1872-73 ; l’autre, relative à un grand cuirassé de 12 000 tonnes, dérivée de celle de 1870. Ce dernier projet fut présenté à l’occasion du concours qui produisit le Formidable. L’honneur de diriger les constructions dans une voie nouvelle, refusé chez nous, passa aux mains de Benedetto Brin en Italie et de sir Nathaniel Barnaby en Angleterre.

Je cite Benedetto Brin le premier, contrairement à l’ordre chronologique, à cause de l’extrême analogie qui se rencontre entre la, tranche cellulaire de l’Italia et du Lepanto et celle de mon premier projet de juillet 1872. La ressemblance s’étend même à certaines complications que j’ai écartées des variantes ultérieures. Il est donc très supposable que Brin a eu connaissance de mon travail primitif, et qu’il s’en est inspiré plutôt que des travaux contemporains anglais. Les bâtimens ne sont d’ailleurs comparables que sous le rapport du système de protection. L’Italia et le Lepanto sont des navires de combat, d’un déplacement quadruple de celui de ma corvette de croisière, auxquels leur puissant armement, joint à leur vitesse, assurait, en leur temps, une grande valeur militaire. Leur conception a répondu à une certaine politique italienne, car ils auraient pu singulièrement entraver les communications entre la France et l’Algérie. L’abandon de la cuirasse à la flottaison, sur des navires de premier rang, était justifié, en 1875, par l’absence presque complète d’artillerie moyenne sur les adversaires que l’Italia pouvait alors prévoir ; les conditions, à cet égard, sont aujourd’hui différentes.

En Angleterre, l’étude de la protection des navires par une tranche cellulaire fut certainement indépendante de la mienne. Elle date sensiblement de la même époque : on en trouve la preuve dans la publication, faite par l’Engineer du 1er août 1873, du projet primitif de l’Inflexible, auquel j’ai emprunté le nom du cofferdam. Comme plus tard son confrère d’Italie, sir Nathaniel Barnaby appliqua hardiment la protection cellulaire à un navire de combat de la plus grande dimension ; mais, contrairement à Brin, il s’en servit pour décuirasser seulement les deux extrémités de la flottaison. La région centrale de l’Inflexible qui,