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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/685

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dans les rôles du berger et de la bergère) et du Feu, troisième entrée du fameux Ballet des Élémens de Des touches (avec Mlle Arnould, MM. Larrivée et Dubut)[1]. Le mercredi suivant, 4 janvier, les acteurs de la Comédie Italienne, à leur tour, étaient venus à Versailles ; ils avaient joué Bastien et Bastienne, parodie du Devin de Village, écrite, en 1753, par Favart, et accompagnée de toute sorte d’airs populaires traités en pot-pourri[2]. Bastien et Bastienne, ce sera le titre du premier opéra-comique allemand que composera Mozart, quatre ans après, au retour de son voyage ; et bien que la musique qu’il y mettra soit évidemment inspirée, surtout, d’un opéra-comique de Monsigny, Bose et Colas, qu’il va avoir l’occasion d’entendre à Paris dans quelques semaines, le hasard mérite pourtant d’être signalé qui lui a permis, peut-être, de voir jouer et d’entendre chanter, à Versailles, ce prototype de sa pièce future. Le Ballet des Élémens, d’autre part, vieux déjà de près d’un demi-siècle, ne l’aura sans doute intéressé que par la beauté de sa mise en scène ; tandis que la Guirlande de Rameau non seulement aura commencé à lui révéler l’art du plus original de tous les maîtres français de la génération précédente, mais aura eu l’avantage de lui révéler cet art sous son aspect le plus charmant, tout ensemble, et le mieux à sa portée. Et, aussi bien, retrouverons-nous des échos du petit ballet chanté de Rameau dans maint menuet des symphonies et divertissemens qu’écrira Mozart après sa rentrée en Allemagne, quand son génie se sentira assez mûr pour faire un libre choix parmi la masse innombrable de ses souvenirs[3].

Encore la présence des Mozart à ces deux spectacles n’est-elle qu’une hypothèse que nous n’oserions point garantir. Ce que nous savons en toute certitude, c’est la présence quotidienne de l’enfant, du 25 décembre jusqu’au 10 janvier, à tous les offices de la chapelle du château. « J’ai entendu là de mauvaise et de bonne musique, — écrit Léopold Mozart aux Hagenauer. — Tout ce qui se chantait d’une seule voix, et devait ressembler

  1. Papillon de la Ferté, dans son Journal, note que la Guirlande « n’a pas eu grand succès. » La musique de Rameau se démodait de jour en jour.
  2. On peut voir ces airs, avec leur musique, dans le tome V du Théâtre de M. Favart (Paris, 1763).
  3. Il y avait d’ailleurs, dès ce moment, à Versailles (rue Royale, no 3), un petit théâtre, dont l’histoire vient d’être racontée, dans la Revue de l’Histoire de Versailles, par M. P. Fromageot. On y jouait la comédie et l’opéra-comique ; et ce n’est nullement chose impossible que les Mozart y aient passé une ou deux soirées.