Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/694

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
QUAND LA SEPARATION SERA VOTEE…


I

Quand la séparation sera votée,… nous savons tous que le budget des cultes se trouvera supprimé, d’une part, ou diminué de. plusieurs millions[1] ; et, d’autre part, la nomination de nos évêques ne dépendra plus d’un gouvernement que l’intérêt de la religion n’a pas depuis cent ans toujours inspiré dans ses choix ; mais, d’ailleurs, il n’y aura rien de fait, et c’est seulement alors que les vraies difficultés surgiront. Nous ne sommes pas embarrassés de savoir comment l’Etat y fera face, ni lui non plus ! et, sans plus de scrupules qu’il n’en a montré jusqu’ici, nous pouvons être sûrs qu’il appliquera le droit de la force. Mais, l’Église, que fera-t-elle ? ou, pour parler peut-être avec plus d’exactitude, les catholiques de France, que feront-ils ? C’est ce qu’il est devenu sans doute urgent d’examiner. Nous ne parlerons donc aujourd’hui ni de la question théorique ou académique de la séparation de l’Église et de l’État, ni du Concordat, et de tant de moyens qu’il y aurait eu, si vraiment on l’eût voulu, de le conserver en l’adaptant aux nouvelles conditions qui se sont imposées depuis 1802 tant à l’Église qu’à l’État moderne. Sur l’un comme sur l’autre point, tout a été dit, depuis deux ans qu’on

  1. Il est évalué, pour l’année 1906, à 33 825 403 francs, dont 29 563 871 francs de pensions ou allocations, « mais, ajoute le rapporteur, ce premier budget baisserait rapidement ; après deux ou trois ans, il deviendrait possible de faire l’économie de presque tous les frais d’administration ; et le budget se disloquerait comme le service lui-même. »