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école, » comme on l’appelait jadis, a été longtemps inséparable, de l’Église, elle en est séparée désormais ; et, à ce propos, on remarquera que, non seulement aux Etats-Unis la totalité, mais en Angleterre même, — je ne dis pas en Écosse, — la moitié des écoles publiques a cessé d’être « confessionnelle[1]. » Mais, à côté, en face de l’école publique, nous pouvons encore ouvrir une école chrétienne, et tandis que nous le pouvons, il faut nous hâter de le faire. On ne peut empêcher des Associations qui ne seront ni paroissiales, ni cultuelles, de se former à cet effet ; on ne peut empêcher l’évêque ou le curé, « comme citoyen, » d’en faire partie ; et surtout, — c’est ce que nous attendons de l’assemblée des évêques, — on ne peut empêcher l’Eglise d’en définir les conditions, et d’opposer à l’école publique et laïque le programme de l’école chrétienne et privée. Elle dira donc, d’une manière générale, ce qu’elle est en droit d’exiger des maîtres de l’école chrétienne, et elle dictera les conditions qu’ils devront remplir, mais elle ne « dirigera » pas l’école. Et nous sera-t-il permis de dire que nous n’y voyons pas de grands dangers ? si même il n’en résulte quelques avantages, dont le moindre ne sera pas de soustraire l’Eglise à la tentation de confondre l’enseignement religieux avec l’enseignement de la religion, et celui-ci même avec beaucoup de choses qui peuvent en faire partie, quand on le donne du haut de la chaire chrétienne, mais qui ne sont point à leur place dans l’école primaire.


Ce ne sont pas les seules questions que doive soulever l’application de la loi qu’on nous fait, et il y en a beaucoup d’autres. Mais il nous a semblé que celles-ci n’étaient pas les moins importantes, ni surtout les moins urgentes. Ou plutôt encore, elles n’en forment qu’une toutes ensemble, qui est la question des Associations cultuelles, et du moyen ou des moyens d’en concilier l’organisation avec la constitution de l’Eglise, avec le concours des élémens laïques, substitué à celui de l’Etat, et avec les intérêts de la religion. Si l’assemblée des évêques de France, une fois réunie, croit devoir aborder et discuter d’autres questions, celle-ci est manifestement la question préjudicielle, dont la solution rendra naturellement toutes les autres faciles à résoudre.

  1. Voyez à ce sujet d’intéressans détails dans le Rapport de M. Langlois sur l’Instruction publique à l’Étranger, à l’occasion de l’Exposition de 1900. Collection des Rapports, t. Ier, Paris, 1904. Imprimerie nationale.