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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/717

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L’article 4, par exemple, le fameux article 4, n’aurait pas manqué d’être l’objet d’un débat fort ardent, tandis qu’il a été seulement en butte aux critiques de M. Clémenceau, incisives dans la forme, mais en fait inoffensives, puisque l’orateur s’est finalement soumis au mot d’ordre de son parti. Lui aurait-il fait le sacrifice de son opinion, si le parti l’avait exigé ? nous n’en savons rien ; mais le parti ne lui demandait que le sacrifice de son vote, ce qui a permis à M. Clémenceau de s’en donner à cœur joie contre l’article lui-même. Tout le monde en connaît la disposition fondamentale : c’est celle qui transfère les biens des menses épiscopales, des fabriques, etc., aux associations cultuelles formées conformément aux règles générales du culte dont elles se proposent d’assurer l’exercice. Ce transfert doit s’opérer par les soins des établissemens ecclésiastiques actuellement en possession des biens dont il s’agit, c’est-à-dire par l’intermédiaire des menses et des fabriques elles-mêmes. Les juristes discutent pour savoir à qui ces biens appartiennent, et ils concluent le plus souvent qu’ils n’appartiennent à personne, ni à l’État, ni à l’Église ; mais aucun ne conteste qu’ils sont affectés depuis l’origine, et par cette origine même, à l’exercice du culte catholique et aucun ne propose de modifier cette affectation. Il en est naturellement de même des biens affectés au culte protestant et au culte israélite ; la règle appliquée à tous est celle du suum cuique ; chacun garde son bien. Quoi de plus simple ? quoi de plus légitime ?

Sur le principe tout le monde est d’accord : on l’est moins sur l’application. Quelques personnes ont découvert, sans beaucoup de peine, que l’argent étant de sa nature une chose essentiellement divisible pouvait servir à créer des divisions dans l’Église catholique qui ne vit que d’unité, en mettant en opposition les intérêts des « fidèles » avec le respect qu’ils doivent à la hiérarchie et à l’autorité ecclésiastiques. Toute une campagne a déjà été faite dans ce sens ; M. Ferdinand Buisson s’y est particulièrement distingué, et M. Clémenceau l’a portée avec son impétuosité habituelle à la tribune du Sénat. — On a songé au Pape, a-t-il dit, on a songé aux évêques, on a songé aux curés, on n’a oublié que les fidèles, qui pourraient fort bien n’être plus d’accord avec les curés, les évêques et le Pape et réclamer quand même leur part du gâteau. Comment la leur donner puisque les seules associations cultuelles qui pourront y prétendre sont celles qui seront reconnues par les autorités ecclésiastiques préexistantes ? — Et M. Clémenceau dénonce le privilège attribué aux uns au détriment des autres, et l’atteinte portée à la liberté de ces