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Les évêques furent peu flattés de la confiance inspirée par les renseignemens qu’ils avaient eux-mêmes à fournir. Quant aux postulans, leur dignité était froissée : le caractère d’aumône et de « libéralité gouvernementale » était réellement trop apparent. M. André, dans son Cours de Législation civile ecclésiastique (1869), regrette une semblable « inquisition, » qui a quelque chose « d’odieux, et en même temps de pénible, pour celui qui en est l’objet. » Il y voit « la délivrance d’une espèce de certificat de mendicité. »

Cette caisse permit néanmoins de soulager tout de suite certaines infortunes. L’année suivante, en effet, au mois de novembre 1854, M. Fortoul adressait à Napoléon III un rapport « sur le fonctionnement de la Caisse générale des retraites ecclésiastiques » où nous trouvons les intéressantes statistiques suivantes :

« Les ressources de la Caisse générale des retraites, créée par le décret du 28 juin 1853, s’élèvent, pour 1854, à 600 000 francs. Depuis le mois de mars jusqu’au 15 octobre dernier, 544 000 francs ont été répartis entre 1 246 prêtres en retraite. Le taux moyen des pensions est donc d’environ 450 francs.

« Parmi les ecclésiastiques qui ont obtenu des pensions, on compte : 1 chanoine, 91 curés, 1 023 desservans, 99 vicaires, 23 aumôniers, 4 missionnaires, 1 directeur de séminaire, 4 professeurs de séminaire. Total : 1 246.

« La durée des services de 958 pensionnaires varie de 30 à 40 années ; 230 ont exercé le saint ministère pendant un espace de 40 à 50 ans ; 26 durant une période de 50 à 60 ans ; et 32 ont été en fonctions pendant plus de 60 ans.

« 392 pensionnaires sont âgés de 50 à 60 ans ; 576 de 60 à 70 ; 170, de 70 à 80 ; 85 de 80 à 90 ; 23 de 90 et au-dessus.

« La répartition par diocèses présentait de nombreuses difficultés : j’ose espérer qu’elles ont été résolues de la manière la plus satisfaisante, grâce au concours de l’épiscopat. On ne saurait dès maintenant comparer utilement les divers diocèses de la France sous le double point de vue du nombre et de la quotité des pensions. Les différences qui existent entre eux proviennent de causes multiples que le temps et l’expérience mettront seuls à même d’apprécier. On ne s’étonnera pas, du reste, que les diocèses les plus pauvres aient été les mieux partagés ; ainsi le diocèse d’Ajaccio compte 69 pensionnaires, le diocèse de Saint-Flour, 44 ; le diocèse de Rodez, 39… »