temporaires. Interrogé sur ce point, le ministre a donné les chiffres suivans à la Commission de la séparation :
« Les pensions, telles qu’elles sont prévues par le projet de loi, entraîneraient pour le culte catholique une dépense maximum, de 22 millions 643 000 francs, ce qui constituerait une économie de 13 508 000 francs par rapport aux crédits actuellement affectés à ce culte. Pour le culte protestant, la dépense est de 1 347 000 francs ; elle serait réduite à 446 000 francs. Pour le culte israélite, dont la dépense se chiffre à 118 000 francs, les pensions nécessiteraient une dépense de 42 000 francs. »
Dans tous les cas, ce ne serait qu’un état de choses transitoire : les jeunes prêtres d’aujourd’hui et ceux qui se forment n’auraient pas à compter sur ces… largesses.
Le clergé catholique français doit donc se préoccuper de son avenir matériel, et il semble que, dans cet ordre d’idées, d’intéressantes initiatives puissent être prises.
L’une des plus remarquables brochures de l’Action populaire, signée de M. l’abbé Leroy, étudie les raisons qui justifient l’action sociale du prêtre et les moyens qui sont en son pouvoir pour l’exercer[1]. Ne serait-il pas juste et utile que le clergé donnât le premier l’exemple d’une organisation sociale sérieuse ? Et ne serait-il pas plus qualifié pour susciter des syndicats, des mutualités, des caisses de retraites, s’il avait déjà fondé pour lui-même de telles institutions ? Certes, nous ne demandons pas aux ecclésiastiques de fonder un syndicat professionnel pour la défense de leurs intérêts économiques, mais nous ne voyons pas pourquoi ils n’utiliseraient pas à leur profit la loi du 1er avril 1898, sur les sociétés de secours mutuels et les caisses de retraites.
Jusqu’ici, l’Eglise a prétendu avoir des lois particulières ; le droit commun ne semblait pas fait pour elle. Il en résulte qu’elle se trouve facilement mise hors la loi et qu’on supprime la législation qui la concerne avec d’autant plus d’aisance que d’autres institutions ne semblent pas souffrir du fait de telles amputations. On parle d’établir des associations cultuelles : fort bien ; mais qu’un gouvernement un peu plus sectaire soit donné à
- ↑ Action populaire, Reims. — Le Clergé et les Œuvres sociales, 3e série, no 67.