Les accords du 8 juillet et du 28 septembre ont stipulé que la Conférence ne mettrait en question ni la souveraineté du Sultan, ni l’intégrité du Maroc, ni le principe de la libre concurrence internationale. Nous avions toujours proclamé que telles étaient nos intentions et que nous ne préparions pas ce qu’on a appelé une « tunisification » du Maroc. Ces principes posés, la Conférence s’occupera « de l’organisation d’une police, d’un règlement. concernant la surveillance et la répression de la contrebande des armes, d’une réforme financière consistant principalement dans l’établissement d’une banque d’Etat, de l’étude d’un meilleur rendement des impôts et de la création de nouveaux revenus et enfin de la fixation de certains principes destinés à sauvegarder la liberté économique. » C’est le programme d’une réorganisation foncière du Maroc, et il est important de noter que c’est à peu près le même que le ministre de France proposait, l’été dernier, à l’approbation du Sultan. Mais qui sera chargé de l’exécution des réformes ? Là est la question capitale que l’accord du 28 septembre n’a pas tranchée. La seule solution raisonnable, équitable, et conforme aux intérêts généraux de toutes les puissances et du Maroc lui-même, serait que la France fût chargée de la direction ou de la surveillance des réformes. La fixation du programme est internationale, l’exécution ne saurait l’être. Tout ce qui, au Maroc, ressemblerait à un condominium serait néfaste ; si toutes les puissances prétendaient concourir à l’exécution des réformes, ce serait la négation des réformes ; le Sultan aurait beau jeu pour profiter des dissentimens qui ne sauraient manquer d’éclater entre ses trop nombreux tuteurs ; si c’est une Macédoine que l’Empereur allemand voudrait créer au Maroc, les autres puissances ont montré, en traitant par avance avec la France et en s’en rapportant à elle pour rétablir l’ordre et la paix dans l’Empire chérifien, qu’elles n’étaient pas disposées à s’y prêter : l’Angleterre n’admettrait sans doute pas sans résistance, pour ne parler que d’elle, que l’Allemagne prît au Maroc, auprès de Mouley-abd-el-Aziz, le rôle qu’elle s’efforce de jouer, sur le Bosphore, auprès d’Abdul-Hamid. De l’Allemagne, et d’elle seule, dépend donc le succès ou l’échec de la Conférence : ni l’Angleterre, ni l’Espagne, ni l’Italie, qui sont engagées vis-à-vis de nous, ni la Russie notre alliée, ne feront d’opposition à nos justes demandes ; si l’Allemagne, de son côté, admet que l’exécution ou la surveillance des réformes nous soit confiée, le