1828, que les fac-similés en couleurs rendent dans toute leur élégance apprêtée et leur si frais coloris. N’est-il pas piquant de rapprocher de ce livre celui de M. René Bazin sur le Duc de Nemours[1], qui abonde en souvenirs intimes, en documens originaux, en lettres inédites dont l’illustration est également faite d’après les collections du prince et qui apporte des renseignemens nouveaux sur le gouvernement de Juillet, le règne de Louis-Philippe, et l’exil de Claremont ?
Un volume qui obtiendra certainement un succès considérable est celui de M. Moreau-Vauthier. Après avoir montré, l’année dernière, la beauté et les grâces de la Femme[2], il nous donne cette année l’Homme et son image[3]. L’intérêt du commentaire s’y ajoute à celui qui naît de la vue des œuvres les plus belles qu’aient produites les artistes de tous les temps, de tous les pays et de toutes les écoles. Dans le portrait, l’art et l’histoire se complètent, se pénètrent et s’éclairent. Ce ne sont pas seulement les personnages plus ou moins fameux dont nous revoyons ici les traits, c’est encore l’histoire même de leur temps, dont leur physionomie porte en quelque sorte le caractère et marque l’évolution même des sociétés qui changent et des mœurs qui se transforment. Elles reflètent, ces images, l’âme même qui n’est plus, et qui semble affleurer au visage, le siècle où ces êtres d’élite ont vécu, ses rayons et ses ombres, et résument en quelque sorte les gloires qui ne passeront point et ce qui en reste d’immortalité. Après avoir imposé sa volonté par sa force, son épée, la grâce de ses manières, l’homme domine par la puissance de son intelligence et de la réflexion.
Que de merveilles dans cette incomparable galerie, qui s’ouvre avec les figures de bois ou de terre, les bustes des Pharaons : la statuette de l’intendant Sekhem-Ka, du Scribe égyptien, les pierres taillées représentant des Assyriens du palais de Khorsabad, les χοάνα (choana) des Grecs, les canopes des Étrusques, pour finir aux peintures de Bonnat, au portrait de Pasteur, aux bustes de Baudry par Dubois, et de Jean-Paul Laurens par Rodin, réunion universelle, où chacun se distingue dans l’individualité même de son génie ! Que de chefs-d’œuvre et que de chemin parcouru en art, en science et en civilisation ! et quelle idée heureuse de nous le faire parcourir à notre tour en nous mettant sous les yeux, dans les gravures les mieux choisies et les mieux exécutées, ceux qui ont été et sont l’honneur de l’humanité et qui restent les bienfaiteurs et les grands semeurs d’idées !