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lointaines, non des bâtimens appropriés à cet emploi, mais de simples réductions des navires étudiés pour un autre service.

En résumant ce rapide historique, nous voyons que les diverses combinaisons que l’on peut faire, du cuirassement et du cloisonnement, pour la protection des navires contre l’artillerie, avaient toutes été essayées et pratiquées en 1890. Ces combinaisons sont au nombre de trois :

1° Emploi exclusif du cuirassement sur certains bâtimens et de la tranche cellulaire sur d’autres. C’est la solution adoptée en France. Elle a donnée, d’une part, le Duperré et les nombreux cuirassés qui en dérivent, classe Bayard comprise ; d’autre part, le Sfax et tous les croiseurs qui l’ont suivi, jusqu’au Dupuy de Lome. Cette solution, légèrement mitigée par le cuirassement de la grosse artillerie, se retrouve sur les trois gardes-côtes japonais type Matsou-sima.

2° Emploi simultané du cuirassement et du cloisonnement, par juxtaposition sur un même navire. La partie centrale est blindée. Les extrémités sont protégées par une tranche cellulaire. Le pont blindé change de position, en passant du caisson central aux régions cloisonnées ; le raccordement de ses trois tronçons est fait par deux traverses cuirassées. Cette solution a été surtout adoptée en Angleterre, où elle a donné les séries successives de navires à citadelle types Inflexible, Collingwood, Royal Sovereign, et aussi les deux croiseurs cuirassés ou plutôt les deux cuirassés de station Impérieuse et Warspite. Elle a été reproduite dans divers pays, mais non en France.

3° Emploi simultané, par superposition, des deux modes de protection, la cuirasse recouvrant les flancs de la tranche cellulaire. La cuirasse verticale ajoute ainsi son action à celle du pont blindé pour protéger les parties vitales ; la tranche cellulaire atténue l’effet des brèches, principalement en ce qui concerne la stabilité. Cette solution vient d’être spécialement signalée à l’occasion du Dupuy de Lome ; elle a été adoptée en 1888 pour le petit croiseur japonais Chiyoda et elle a reçu, vers la même époque, une application beaucoup plus importante en Italie, sur les cuirassés type Sardegna.

De ces trois solutions du problème de la protection à donner à la flotte de combat contre l’artillerie, la troisième a prévalu à juste titre pour tous les bâtimens auxquels leur fort tonnage permet de porter une cuirasse. Il nous reste à étudier son développement,