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villages, de Bitzévo à Polandiane, formant un rideau qui leur permit de dérober leurs mouvemens à la cavalerie russe et empêcha les reconnaissances de renseigner convenablement sur leurs forces. C'est ainsi que les effectifs japonais concentrés devant Vafangou le 14 juin ne purent être connus et que le mouvement tournant en grandes forces et à grande distance, exécuté le 15 contre la droite russe, ne put être prévenu. C’est aussi derrière ce rideau que, peu de jours après, l’armée japonaise se déroba au Sud de Gaïtchou. Les détachemens de cavalerie qui réussirent à passer à l’aller à travers les mailles du réseau, trouvaient au retour la route barrée et furent plus d’une fois cernés par l’infanterie et en très mauvaise posture sans avoir réussi complètement leur mission. En revanche quelques reconnaissances de quatre à cinq cavaliers sont parvenues à échapper à la vigilance des Japonais et à fournir sur les colonnes et les cantonnemens des renseignemens très utiles. Il est résulté de ce système que la cavalerie russe, très supérieure en nombre, n’a eu que dans des cas très rares à faire usage du sabre ou de la lance. Mais depuis le début de la guerre, il ne s’est peut-être pas passé un jour sans que la cavalerie russe ait eu à faire le combat à pied. Tous ses escadrons ont eu à l’exécuter plusieurs fois déjà. »

Souvent ces combats à pied eurent une forme offensive. Mais, faute d’une artillerie assez puissante, les rideaux ne pouvaient pas être percés et dès lors les renseignemens étaient insuffisans. D’autre part, à quelques rares exceptions près, la cavalerie japonaise s’est constamment abritée derrière son infanterie : aussi les reconnaissances russes, accueillies par le feu, étaient-elles obligées de s’éloigner sans avoir rien vu, ou de mettre pied à terre pour essayer de se renseigner par le combat. Quant au service de prise de contact et de sécurité, la cavalerie russe s’est montrée à la hauteur de sa tâche. C’est une patrouille de Cosaques qui en Corée, le 28 février 1904, près de Phen-Yang, a tiré les premiers coups de feu de la campagne. Le 25 mars, près de Chengjou, sept semaines après le commencement de la guerre, le premier engagement sérieux se produisit entre un détachement mixte de cavalerie et d’infanterie japonaise et 700 cavaliers du 1er régiment de Cosaques du Transbaïkal. Ce fut uniquement un combat de mousqueterie. Le 12 mai, un parti de cavaliers japonais met pied à terre et attaque Silouanchan, il n’a pas d’artillerie, et il est repoussé. A leur tour les