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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/306

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Le général Samzonoff, très actif, vigoureux (il a quarante-six ans), avait repris le contact dès la matinée du 16 juin. Sa cavalerie suivait l’arrière-garde forte d’une brigade et se couvrait par des avant-postes, placés à 6 kilomètres de sa masse. Le 19 juin, ses forces se composent de six escadrons de dragons, six sotnias de cosaques de Sibérie, trois sotnias de gardes-frontière, un commando (c’est le terme du rapport) d’éclaireurs montés, du 13e régiment de chasseurs à pied de Sibérie, la 3e batterie de Cosaques du Transbaïkal. Les escadrons sont forts de 80 à 90 cavaliers, les sotnias, de 90 à 100 Cosaques. Le service est des plus pénibles, car cette cavalerie, nuit et jour au contact, ne peut pas se reposer. Elle demande une force d’infanterie, pour pouvoir dormir à l’abri de toute surprise. Il lui est répondu qu’elle doit se maintenir entre l’ennemi et les arrière-gardes des colonnes. Le 20 juin, sept reconnaissances d’officiers sont envoyées. Elles signalent un mouvement tournant de trois bataillons et quatorze pièces. Le général Samzonoff fait partir tous ses trains, il ne garde que quelques animaux de bât. Les avant-postes tiraillent toute la nuit. On se remet en selle à deux heures et demie du matin, et le 21 juin on recule lentement. Les Japonais s’avancent sur trois colonnes dont on ne peut déterminer la force. Leur cavalerie reste sous la protection de l’infanterie, et ils continuent à se couvrir en marche comme en station par un réseau de groupes d’infanterie et de cavalerie. Les patrouilles russes ne parviennent pas à le percer. Quelques pointes d’officiers et des espions chinois, seuls, renseignent. Le 23, nouveau recul sans combat. Toutefois, une patrouille forte d’un peloton, qui a pu se glisser dans un pli de terrain, détruit par la fusillade la moitié des chevaux d’un escadron japonais qui a mis pied à terre. Le 24, nouveau recul. Le 23, douze patrouilles sont envoyées sur le front. Le 26 juin, le prince Jaime de Bourbon apporte un pli du 1er corps sibérien qui prescrit une reconnaissance immédiate sur Sénoutchen. On envoie trois sotnias qui partent à trois heures du matin. Trois escadrons japonais se portent au-devant des Russes, puis font demi-tour pour les attirer sur Sénoutchen, où, d’après les espions chinois (seuls renseignemens qu’il est possible de recueillir), il y a 12 escadrons japonais et 3 000 fantassins.

Le 21, le général Samzonoff a reçu l’ordre de s’emparer de Sénoutchen. Il part à 3 heures du matin et attaque à pied. Son