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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/319

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L’artillerie russe était sensiblement supérieure à l’artillerie japonaise. Son canon de campagne à tir accéléré et sans recul emploie deux projectiles. Un shrapnell et un obus chargé en poudre brisante. Sa trajectoire plus tendue que celle du canon de montagne japonais lui donne une portée plus grande. L’armée russe s’est également servie d’artillerie lourde, de pièces de siège, et même de mortiers.

L’artillerie des divisions actives japonaises est du modèle Arizaka, du calibre de 75 millimètres à tir accéléré. Le recul se fait sur des freins élastiques, mais le canon doit être repointé à chaque coup. Le canon de montagne de même calibre est une pièce légère dont la portée efficace ne dépasse pas 3 300 mètres. Enfin les divisions territoriales disposent d’un obusier de bronze adhérent à une plate-forme. Tout le système saute en arrière au départ du coup. Il est remis en batterie au moyen de roues mobiles qui sont glissées sur deux fusées. Ces obusiers sont portés sur des sortes de brouettes traînées à la bricole par leurs servans. Ce dernier matériel est très médiocre, il a cependant été utilisé partout.

L’invisibilité est devenue une condition essentielle : tel est le fait dominant de toute la guerre. Lorsque des batteries se laissaient voir, ou que leurs emplacemens étaient repérés, elles se trouvaient, en quelques instans, mises dans un tel état, qu’il n'était pas possible de les retirer du champ de bataille. Les épaulemens, quand ils étaient visibles, n’ont pas suffi à empêcher les batteries d’être réduites au silence. Aussi, dès la bataille de Vafangou (14 juin 1904), les artilleries des deux partis n’ont-elles plus employé que le tir indirect. Comme, d’autre part, le terrain en arrière était battu par les gerbes des shrapnells sur de grandes profondeurs et que le tir progressif était constamment employé, il a fallu la plupart du temps maintenir les attelages abrités à 800 et 1 000 mètres des batteries. Le ravitaillement en munitions n’a généralement été possible qu’à bras d’hommes. C’est là un fait très important sur lequel on ne saurait trop attirer l’attention.

Lorsque le combat est engagé, le déplacement de l’artillerie devient difficile. Le desideratum de faire appuyer de près les attaques de l’infanterie par des batteries d’accompagnement ne peut se réaliser que dans des circonstances exceptionnelles et ceci ramène à l’emploi de l’artillerie en grandes batteries. Les