Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/803

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES
ÉLECTIONS ANGLAISES



JOURNAL D’UN SPECTATEUR


L’Angleterre vient de traverser une grande crise dont le caractère est singulier, car c’est une crise artificielle, créée par l’imagination — quelques-uns disent par la prévoyance — d’un homme d’État auquel nul, assurément, ne refuse l’intelligence ni le patriotisme. La crise a abouti à un changement de gouvernement et à une consultation électorale dont le résultat va changer, pour longtemps peut-être, l’orientation de la politique anglaise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. J’ai suivi de près et noté, jour par jour, les phases de cette évolution ; je l’ai fait sans parti pris, au point de louer et de critiquer les mêmes hommes à deux jours de distance. Peut-être ces impressions d’un spectateur paraîtront-elles bonnes à consulter à ceux qui désirent connaître l’état d’âme du peuple anglais à l’heure où nous sommes.

2 décembre 1905. — Ce matin a été prise, en Conseil des ministres, la résolution que ce même conseil avait repoussée dans sa précédente séance : le cabinet unioniste se retire et passe la main au parti adverse.

C’était à prévoir. Il y a longtemps que le parlement Khaki, comme on l’appelait à cause des circonstances où il avait été