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Ripon et l’on développera les institutions locales qui feront l’apprentissage politique de l’Inde et la prépareront à l’indépendance.

Est-il besoin de dire que le budget de la guerre et de la marine sera réduit, tandis que l’armée et la flotte seront rendues plus effectives ? Cette double promesse n’étonnera pas ceux qui ont lu, dans leur vie, beaucoup de manifestes électoraux. Ce qui serait plus neuf, ce serait de dire comment on fera plus avec moins d’argent, et nous proposerions, comme Harpagon, d’inscrire la recette en lettres d’or sur la cheminée de la cuisine politique.

C’est l’Église anglicane et les cabaretiers qui seront le plus sérieusement atteints par le changement ministériel. Le présent Parlement n’arrivera pas à son extinction naturelle sans avoir retiré à l’Église anglicane du pays de Galles son caractère officiel. Les subventions accordées par le précédent Parlement aux écoles ecclésiastiques leur seront retirées et toutes les faveurs seront réservées aux écoles placées directement sous le contrôle des School-boards. Si l’on veut se montrer conciliant, on continuera à subventionner, dans une certaine mesure, les écoles libres (c’est-à-dire les écoles cléricales), mais en les soumettant, ce qui semble juste, à la surveillance des autorités scolaires. Où se donnera l’enseignement religieux ? À l’église ou dans l’école ? C’est autour de cette question que se livreront les grandes batailles.

On mettra moins de façons à mater les cabaretiers dont l’influence, paraît-il, a considérablement décru en matière électorale. On leur rappellera, par une bonne loi, qu’une autorisation annuelle, accordée par les magistrats, ne constitue pas une propriété et que le retrait de cette autorisation, à la suite d’infractions nombreuses aux lois et aux règlemens de police, ne leur donne aucun droit à une indemnité pécuniaire.

Le parti libéral nourrit de mystérieux desseins contre la propriété foncière. Étrange moyen d’encourager l’agriculture et de ramener le peuple des villes vers les campagnes ! Pauvre terre ! Tout le monde se réunit contre elle comme contre le baudet de la fable. Il y avait autrefois, en ce pays, un principe : à savoir qu’il ne fallait pas imposer la terre quand elle ne donne aucun revenu. Aujourd’hui, c’est le principe contraire qui prévaut. Je suppose qu’on va taxer mon jardin qui ne sert à rien… sinon à