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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/886

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Celle de Jeanne de Bourbon, mariée, en 1349, au futur roi de France Charles le Sage, monte à 4287000 francs. Il n’est pas probable que le Duc de Bourbon, père de la future reine, ait doté ses cinq filles* aussi généreusement. Il se voyait alors de grandes différences, dans la même famille, entre deux sœurs, suivant la qualité de leur fiancé ; et de grandes disproportions de richesses aussi, entre deux familles égales en apparence par l’étendue de leur fief. Affaire d’économie et d’habileté. Aujourd’hui où, sans être nulle part les plus fortunés citoyens de leurs États, les rois jouissent privément de fortunes respectables, le souverain le plus opulent en Europe n’est pas celui qui règne sur le plus vaste territoire.

Mais ce sont là des sommes tout exceptionnelles ; et l’on en peut dire autant de deux dots de quatorze et quinze cent mille francs, reçues par Blanche de Savoie et par Agnès de Périgord, à l’occasion de leur mariage, la première avec Galéas Visconti, seigneur de Milan (1350), la seconde avec Jean d’Anjou-Sicile.

Le plus grand nombre des princesses, du XIIIe au XVe siècle, sont gratifiées de dots qui varient de 600 000 à 700 000 francs. Telles sont communément celles que des héritières, appartenant aux maisons de Bourgogne, d’Artois, de Savoie, de Bar, de Genève, de Poitiers, de Viennois, de Périgord, apportent à leurs maris, lorsque les finances paternelles sont assez prospères, le fiancé assez exigeant, ou l’alliance à conclure assez flatteuse pour que les parens de la future agissent avec largesse et s’imposent quelque sacrifice.

Hormis ces cas, les dots sont assez sensiblement réduites : une fille du Duc de Bourgogne, unie (1316) au comte régnant de Savoie, ne reçoit que 117 000 francs ; une autre, épousant le fils du comte de Valentinois, se contente de 40 000 francs ; Jeanne de Périgord, comtesse d’Armagnac, a 146 000 francs et Louise d’Albret, fille d’un des plus riches seigneurs du Midi, en a 180 000.

Au commencement du XIIIe siècle, une princesse de Lorraine recevait en dot 240 000 francs ; au XIVe siècle la dot de Thiébault, fils aîné du duc de Lorraine, Ferry III, était de 300 000 francs. Duc à son tour et devenu veuf, ce prince se remaria avec Isabelle d’Autriche, fille de l’empereur Albert, qui reçut en dot 435 000 francs.

Chez les vassaux de moindre envergure, sauf quand il