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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/924

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parle Shakspeare dans le Soir des Rois, ils ne savent leur opposer aucune résistance et se laissent aller, comme ils disent souvent, sans y penser, sans réfléchir. Quelques-uns déclarent savoir ce qui est bien, ce qui est mal. Mais ils ne le savent qu’en théorie. Placés en face du désir fâcheux qui les sollicite, leur conscience est trop faible pour les arrêter, tandis que leurs appétits instinctifs sont, au contraire, voraces et insatiables. »


De tout cela il résulte que les droits et les devoirs de la société vis-à-vis des demi-fous peuvent être groupés sous trois chefs : 1o soins médicaux à donner aux demi-fous ; 2o surveillance des demi-fous dans l’exercice de leurs droits d’hommes libres ; 3o conduite vis-à-vis des demi-fous criminels.


1o La première question ne peut pas nous arrêter dans un article comme celui-ci : elle est exclusivement médicale. J’ai du reste indiqué ailleurs[1] les principes du traitement psychique dans ces cas, et montré que le plus souvent ce traitement ne peut être sérieusement institué et suivi que dans des établissemens spéciaux de neurothérapie.


2o La deuxième question intéresse tout le monde et est bien difficile à résoudre : c’est surtout la question de la prophylaxie de la demi-folie et de la réglementation du mariage.

Quand, par son hérédité, par les stigmates de dégénérescence mentale, par les signes de désharmonie psychique, qu’il présente, un enfant apparaît anormal, même s’il est en même temps intelligent, spirituel, voire même précoce et exceptionnel, la famille doit le confier au médecin, faire régler et surveiller par le médecin sa vie scolaire, toute la période de sa formation corporelle et intellectuelle. Ceci est relativement facile ; c’est en tous cas possible, au moins en principe et au point de vue des conseils à formuler.

Mais si le demi-fou s’est développé et veut se marier, que doit-on faire ? Quel est le devoir de la famille ? Quel est le droit de la société ?

Je ne veux ni ne peux traiter ici incidemment cette grosse question de la réglementation médicale du mariage, si heureu-

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1905, p. 350.