direction en empruntant exclusivement la voie terrestre. C’est ce que comprit Bonaparte, qui, pour réaliser ce projet, s’adressa au tsar, Paul Ier, avec lequel des négociations, restées longtemps secrètes et encore peu connues, furent nouées. Un corps français de 35 000 hommes devait gagner à travers la Russie la région des steppes jusqu’à Astrakan, franchir la Caspienne sur des vaisseaux russes jusqu’à Asterabad, d’où il opérerait sa jonction avec une armée russe de force égale et se diriger par Hérat et Candahar sur l’Afghanistan méridional et l’embouchure de l’Indus. En même temps, une autre armée russe devait partir d’Orenbourg, et, par Khiva, Boukhara et l’Afghanistan septentrional, marcher directement sur le haut Indus. L’armée française du Midi devait être commandée par Masséna, que le tsar, dans un sentiment de délicate courtoisie et d’admiration pour le héros de Zurich, avait demandé lui-même comme généralissime. Ce grand projet reçut un commencement d’exécution. Avec la fougue et l’impétuosité qui le caractérisaient, le tsar Paul, sans attendre l’arrivée de l’armée française, en joignit à l’ataman général des Cosaques du Don, Orloff Denissof, d’établir son quartier général à Orenbourg, d’y concentrer toutes les troupes cosaques, et d’y attendre l’ordre de jeter ses troupes sur l’Inde. Ce dernier franchit la Volga en mars 1801 et se dirigea vers Orenbourg. Mais l’assassinat du tsar Paul Ier vint interrompre ces préparatifs. Les Cosaques repassèrent la Volga et il ne fut plus question d’une invasion franco-russe de l’Hindoustan.
Mais si le plan concerté entre Bonaparte et le tsar Paul ne put être réalisé, la possibilité d’une invasion de l’Inde par la voie terrestre au Nord-Ouest n’en restait pas moins un fait acquis. En même temps, était révélée l’importance exceptionnelle qu’avait l’Afghanistan en cas d’invasion dans cette direction. Qu’un corps expéditionnaire partît d’Astrakan pour se concentrer à Asterabad ou qu’il partît d’Orenbourg pour gagner Boukhara, c’est toujours au massif montagneux de l’Afghanistan qu’il venait se heurter avant de pénétrer dans le bassin de l’Indus. Une autre combinaison qu’imagina Napoléon après la mort de Paul Ier vint de plus faire ressortir le rôle du pays afghan dans l’attaque ou la défense de l’Inde dans la direction du Sud-Ouest et par la voie de la Perse, Inquiété au Nord par les Russes, qui poursuivaient de plusieurs côtés à la fois, par la Géorgie et le Turkestan, leur marche envahissante, le shah Feth-Ali s’était tourné d’abord