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de ces projets les tribus du pays afghan fit comprendre à la politique britannique l’intérêt qu’il y avait pour elle à ne plus rester étrangère aux choses de cette région. On connaissait alors d’autant moins l’Afghanistan que cet État était de fondation récente. Province de l’empire du Grand-Mogol, puis, ayant fait partie de la Perse, l’Afghanistan s’était séparé de ce dernier pays en 1747, à la mort de Nadir-shah, et à la suite de la révolte d’un de ses généraux, Ahmed-Khan, chef de la puissante tribu afghane des Barakzaï, lequel se proclama Ahmed-Chah Dourân (perle de son temps), se fit couronner à Candahar, et se tailla un royaume dans le démembrement de l’empire persan. L’année de sa mort, en 1773, il régnait sur le Cachemire et le Pendjab à l’Est et jusqu’à l’Amou-Daria au Nord-Ouest, ayant conquis dans cette direction ce qui s’est appelé depuis lors le Turkestan afghan ; au Midi ses États confinaient au Beloutchistan. Son fils et son successeur, Ahmed-shah, avait transféré le siège de la capitale à Caboul. Au commencement du XIXe siècle, tout ce que savaient les Anglais était que le souverain de l’Afghanistan s’appelait Shah-Soudja ; que son pouvoir s’étendait sur la vallée de Caboul, une partie du Turkestan au nord de l’Hindou-Kouch et le plateau de Candahar au midi et que Caboul était sa résidence. C’est dans ces conditions que fut envoyé en ambassade à la cour de ce prince Mount Stuard Elphinstone. Cette mission fut un véritable voyage de découvertes, tant les informations qu’en rapporta Elphinstone, en même temps que ses observations personnelles, furent riches et précises. Elle eut aussi un résultat politique de premier ordre, car l’agent anglais sut capter la confiance de Shah-Soudja et réussit à conclure avec lui, en 1809, le traité de Calcutta, par lequel l’émir s’engageait à s’opposer au passage d’une armée française, en échange de l’appui de l’Angleterre pour le maintien de l’intégrité de ses États. La mission d’Elphinstone fut complétée par celle du capitaine Grant et par celle du lieutenant Henry Pottinger et du capitaine Christie, qui explorèrent, au cours des années 1809-1810, le Beloutchistan, qui est le prolongement méridional de l’Afghanistan vers l’Océan Indien ; examinèrent au point de vue des communications stratégiques l’état de la contrée, et nouèrent avec les chefs baloutches des relations d’alliance et d’amitié.

Ayant occupé les principaux points stratégiques du littoral de l’Océan Indien et ayant fait entrer dans leur alliance la Perse,