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on gouverne avec les hommes de son parti, c’est dans l’intérêt supérieur de la nation, et que l’on doit à tous, sans distinction d’origine ou de foi politique, la protection de tous les droits et la garantie de toutes les libertés. » Puissent ces paroles être entendues, ces promesses être réalisées ! Ce serait un grand honneur pour M. Fallières lorsqu’il atteindra, à son tour, le terme de son septennat.


En dehors d’un petit nombre d’initiés, on ne s’attendait pas en ce moment à l’Encyclique du Saint-Père. On l’avait espérée plus tôt ; on n’y comptait désormais que pour plus tard. Nous avons dit pourquoi nous aurions désiré que la parole pontificale se fit entendre immédiatement après la promulgation de la loi de séparation. Mais, si la loi était connue, le règlement d’administration publique destiné à pourvoir à son application ne l’était pas encore, et il était naturel que Pie X l’attendît avant de se prononcer. Le retard s’expliquait donc, et beaucoup d’autres avec nous en avaient pris avec résignation leur parti. Leur surprise a été grande, comme la nôtre, lorsque le Pape a rompu subitement le silence et a lancé contre la loi de séparation la condamnation la plus sévère. Il est permis de croire que les incidens qui se sont produits à propos de l’inventaire ont créé aux yeux du Saint-Père l’opportunité de sa manifestation. Les catholiques et le clergé lui-même, abandonnés à leurs initiatives personnelles, avaient donné le spectacle de divisions qui ne pouvaient que s’accentuer avec le temps. Comment le Saint-Père n’en aurait-il pas été frappé ? Comment n’en aurait-il pas été ému ? Comment n’aurait-il pas cherché à y mettre un terme ? La recommandation qui revient le plus fréquemment dans son Encyclique, et qui en inspire, on peut dire qui en remplit l’éloquente conclusion, est qu’il faut, aujourd’hui plus que jamais, que les catholiques restent unis sous l’égide des curés et des évêques : mais leur union ne peut se faire et se maintenir que, d’une part, sous la loi de l’obéissance, et, de l’autre, sous celle de la charité. C’est sans doute pour dire cela que le Saint-Père a parlé. Qu’était devenue, au milieu des scènes qui se sont produites dans certaines églises, et par exemple, à Paris, dans la basilique de Sainte-Clotilde et dans l’église de Saint-Pierre du Gros-Caillou, la discipline sans laquelle on ne reconnaît même plus l’aspect extérieur de la religion catholique ? Nous avons raconté ce qui s’est passé à Sainte-Clotilde. L’autorité du curé y a été outrageusement méconnue. « Vous êtes notre mandataire, lui a-t-on dit ; nous sommes les maîtres et nous n’en ferons qu’à notre tête. » En conséquence, les « fidèles »