LA PHILOSOPHIE DE LAMARTINE
On peut toujours de l’œuvre d’un grand poète dégager une philosophie, car il n’est pas de poésie digne de ce nom qui n’implique une certaine façon de concevoir la vie, et ne suppose une réponse telle quelle donnée aux problèmes de notre nature et de notre destinée. Il y a plus. Parvenus à un certain degré de développement de leur génie, presque tous les maîtres du rythme ont voulu aborder directement ces problèmes, et trouver la substance même de leur poésie dans les questions réservées aux penseurs. Ils se sont souvenus que le poète a été d’abord l’inspiré, l’interprète des dieux chargé de révéler aux hommes les vérités essentielles ; ils se sont proposé, après le long travail d’analyse de la pensée moderne, de refaire l’union entre l’idée abstraite et la parole imagée : ils ont tenté l’entreprise si souvent décevante, mais toujours si honorable, de la poésie philosophique. Ç’a été le cas pour les principaux parmi nos poètes du XIXe siècle. Et si Alfred de Vigny et M. Sully Prudhomme se sont plus constamment et d’un effort plus spécial attachés à ce genre de poésie, ni Lamartine, ni Victor Hugo ne l’avaient négligé. Le philosophe peut, aussi bien que le littérateur, reprendre dans quelques-uns de leurs poèmes la matière de ses spéculations ordinaires. C’est ainsi qu’un des chefs du mouvement philosophique contemporain, Renouvier, consacrait naguère tout un volume à la philosophie de Victor Hugo, — longtemps réputé pour son incapacité à penser ! Et voici qu’un jeune professeur, M. Marc Citoleux, a pris, la