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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/796

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dans tous les pays voisins, et de remarquer qu’en France même, il est assez lourd pour nous faire, sans difficulté, payer le double de sa valeur une denrée de première nécessité.

L’impôt foncier n’est pas exagéré et il est établi suivant une échelle qui tient compte de la valeur des terres. La carte du Delta dressée par les officiers du service géographique rend de grands services à l’administration locale dans la répartition de cette charge. En résumé, nous ne pouvons trouver exagérées les charges de l’impôt et sa répartition est judicieuse dans son ensemble. Néanmoins, il est certain que la régie de l’opium et de l’alcool donne lieu à des mécontentemens qui viennent plutôt du personnel de surveillance que des droits en eux-mêmes. Il conviendrait de recruter et de contrôler nos agens subalternes avec plus de soin : leur contact forcé avec la population dans un rôle d’allure inquisitoriale nécessiterait un personnel d’une honnêteté parfaite et beaucoup de tact. Enfin, les dernières mesures prises en matière de recouvrement de taxes paraissent également par trop draconiennes.


Si les bases du régime financier pourraient donc être meilleures, on peut dire qu’il ne donne lieu qu’à des critiques de détail, mais nous devons faire des réserves plus sérieuses au sujet du régime administratif. Nous avons eu le tort de multiplier les fonctionnaires ; et le jeu naturel de notre administration a presque annihilé l’autorité indigène. Le remède n’est pas, comme on paraît le croire, de remplacer progressivement les fonctionnaires européens par des fonctionnaires indigènes dans les fonctions inférieures qui peuvent être confiées à des agens subalternes ; c’est une excellente mesure dans les services techniques comme les postes, les télégraphes, les travaux publics, les chemins de fer ; elle relève à la fois l’Européen, qui n’apparaît plus que dans la direction et le contrôle supérieurs, et l’indigène, qui voit se développer utilement toutes ses facultés ; mais cette mesure ne peut s’appliquer à l’administration proprement dite du pays. En dehors de l’autorité mandarinale alternativement chinoise et annamite, il y avait en Indo-Chine une organisation séculaire, la commune, représentée par le conseil des notables que composaient les personnages les plus importans. Les mandarins, fonctionnaires indigènes incorporés dans notre administration, ont continué à ne recevoir qu’un