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ce point d’appui en même temps que celles du front de terre de Saigon ; le plan est complet dans toutes ses parties, et, tel qu’il est établi et approuvé par le Comité consultatif de défense, ne souffre aucun changement et aucun retard.

Nous avons encore beaucoup à faire à ce point d’appui. Au cap Saint-Jacques, l’alerte de Fachoda a fait improviser sur le front de mer une défense qui, étant donnés les faibles moyens d’action dont la colonie disposait sur place, témoigne d’une magnifique activité. Mais ni remplacement des batteries, ni surtout leur armement, ne sont actuellement satisfaisans. Un grand effort y est nécessaire ; quant au front de terre, il réclame une réorganisation complète.

On se heurte à de très grandes difficultés dans l’emplacement et la construction des batteries destinées à protéger les deux rivières qui permettent l’accès de Saigon. Il s’agit d’établir sur la vase des ouvrages bétonnés et chargés d’une artillerie très lourde. C’est à 14 et même à 20 mètres de profondeur qu’il faut aller chercher le sol résistant. Ces constructions reviennent donc fort cher. Mais ces forts de rivière sont indispensables. Les études en ont été poussées jusqu’au dernier détail.

Le personnel technique est actuellement suffisant ; il convient donc d’activer l’exécution des travaux. Quant au front de terre de Saïgon, son organisation s’impose, et elle est aussi urgente que celle du front de rivière. Tout se tient dans un tel ensemble et on n’a rien fait tant qu’il reste quelque chose à faire.

Si la défense en Cochinchine n’est pas complète, elle est du moins en bonne voie. Mais au Tonkin rien n’a été fait. La nécessité d’une place est reconnue de tous : ministère des Colonies, Comité consultatif et Conseil de défense local sont d’accord sur ce point. Le choix de l’emplacement a donné lieu à quelques tâtonnemens. On a songé d’abord à organiser une ligne de défense intérieure englobant la capitale avec ses ressources, les magasins d’approvisionnement de la colonie, et en même temps le nœud de voies ferrées et de communications fluviales : c’eût été la base Hanoï-Dapcau. Mais cet ensemble eût exigé un périmètre de 90 kilomètres qui, à raison d’un homme par mètre courant, nécessiterait des effectifs inadmissibles. La défense d’Hanoï comme camp retranché a été ensuite envisagée ; il a fallu aussi y renoncer, car le terrain imposerait encore une ligne de défense de 35 à 40 kilomètres, soit une garnison de