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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/806

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compagnies d’ouvriers bataillon du génie, — environ 38 000 hommes sur le pied de paix. L’appel des réserves portera ces forces à environ 60 000 hommes. Mais il restera un grand nombre de réservistes non encadrés, et ce nombre ira croissant.

Le Comité consultatif estime le minimum nécessaire pour la défense de l’Indo-Chine à 20 bataillons européens, 32 bataillons indigènes, 31 batteries. Il resterait donc à créer 2 bataillons européens, 7 bataillons indigènes et 5 batteries. Le Comité estime également que l’effectif des compagnies indigènes pourrait être réduit au minimum de 125 hommes, ce qui permettrait d’incorporer 20 000 réservistes, et de porter à 75 000 nos effectifs de guerre. Or nous aurons 30 000 réservistes dans peu d’années. Il faudra vraisemblablement prévoir des cadres complémentaires pour des formations analogues à nos régimens de réserve. Des écoles régimentaires d’enfans de troupe, et des écoles de sous-officiers auront permis alors de dépasser cette proportion de trois indigènes pour un Européen qu’il semble sage de maintenir en ce moment ; nous aurons militarisé nos gardes civils ; et comme leur effectif actuel de 11 000 hommes est beaucoup trop considérable pour une colonie pacifiée où le gouverneur général dispose en tout temps de la force armée, nous en aurons transformé une partie en troupes régulières sans nouvelles dépenses ; nous nous acheminerons donc vers l’effectif de 90 000 combattans sur le pied de guerre en Indo-Chine.


Que valent ces troupes indigènes, dont l’effectif de 20 000 hommes en temps de paix serait en temps de guerre doublé et bientôt triplé ? Quel fond pouvons-nous faire sur cette armée active et sur ses réserves ? Comment ces troupes sont-elles recrutées, soldées, instruites ?

La race annamite, qui fournit la presque-totalité de ces contingens, est conquérante ; venue du Tonkin, elle s’est emparée par la force de l’Annam et de la Cochinchine ; c’est notre arrivée en Indo-Chine qui a arrêté son essor. Les mandarins militaires étaient honorés à la cour d’Annam. L’Annamite est batailleur, querelleur, beaucoup plus combatif que le Chinois ; au régiment, il est fier de son uniforme, discipliné, et prend rapidement un esprit de corps très prononcé. Le tirailleur tonkinois ou annamite n’a évidemment pas la folle bravoure et le mordant de nos incomparables Sénégalais ; son courage est plus calme, mais