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volonté de ses ministres, que tenaci ministri¸qui refusaient toujours à la reine ce que celle-ci réclamait. Ni l’envoyé, ni le grand-duc ne furent jamais dupes.

Les ressources aléatoires que le roi consentait à mettre à la disposition de la reine consistaient dans la création, au moyen d’édits, de recettes exceptionnelles que la princesse aurait à recouvrer. Parmi ces créations de recettes il en était ans qui revenait de droit, par tradition, à la souveraine, c’était l’institution de maîtrises.

Lorsqu’un apprenti, dans un métier quelconque, voulait passer maître, il devait obtenir des lettres de maîtrise constatant qu’il avait terminé son apprentissage. Il payait un droit au roi. Le nombre des maîtrises étant limité, pour battre monnaie, il n’était que de créer une ou deux maîtrises de plus dans chaque métier sur toute la surface du royaume ; le nouveau maître payant une somme variant de 8 à 20 écus, le total recueilli était d’importance. On institua des maîtrises au profit de la reine au moment de son mariage et à l’occasion de la naissance de ses enfants. Pour son mariage, Marie de Médicis en eut deux ; à la naissance du dauphin, le futur Louis XIII, quatre ; à celle de chacune des filles, une ; au moment de la naissance de Gaston, en 1608. deux. En dehors du mariage, et des naissances, la reine avait également droit à une maîtrise « dans chaque ville où elle entrait. » Elle alla visiter beaucoup de villes. Malheureusement le résultat fut que le chiffre des maîtrises ayant crû outre mesure, les corporations mécontentes s’arrangèrent de manière à ce que personne n’achetât plus les lettres nouvelles créées. Le roi, préoccupé d’un état de choses qui ruinait pour la reine un moyen accepté de profits extra-réguliers, résolut de réduire d’un coup le nombre des maîtrises et en 1608 révoqua toutes les lettres qui, ayant été donnés avant son avènement, n’avaient été délivrées que depuis. C’était peu de chose ; ce léger palliatif ne modifiait pas le mal, et Marie de Médicis vit peu à peu s’évanouir le procédé le plus admis et le plus aisé pour elle de se procurer de l’argent.

Tous les autres étaient difficiles, compliqués et incertains. Il fallait d’abord en trouver et on va voir quelle imagination était nécessaire afin de découvrir des sources de revenus insoupçonnées, d’inventer des causes d’imposition exceptionnelle. Les inventeurs. il est vrai, ne manquaient pas. Il était toute une classe d’individus suspects, gens d’affaires de moralité douteuse, qui passaient leur