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sorte et sous cette rubrique 73 000 livres ; en 1612, 96 000 ; en 1613, 253 000 ; en 1814, 782 000 ; en 1615, 355 000 ; en 1616, 259 000 ; en 1617, 600 000 livres 1 En dehors de son budget régulier annuel, Marie de Médicis a donc pris, pendant les sept années de sa régence, un total de 2 418 000 livres dont elle n’a fourni aucune justification. D’où venait cet argent et où allait-il ? Comment en un temps où la comptabilité était aussi rigoureuse que nous l’avons indiqué, pareilles sommes ont-elles pu être détournées ? où ont-elles été empruntées étant donné le peu d’élasticité des finances publiques, et surtout quelle destination leur attribuait la souveraine, les dépenses même excessives de joyaux paraissant insuffisantes à expliquer une pareille dissipation ?

Afin de se procurer cet argent, la reine a continué d’abord les errements suivis du temps de Henri IV et, — cette fois n’ayant plus à gagner l’assentiment du souverain — à se faire signer des édits lui concédant des recettes spéciales. Cependant, soit appréhension de l’opposition irritante des cours, soit plutôt facilité de trouver ailleurs plus aisément ce qu’elle voulait, elle n’a pas abusé du moyen. Tout au plus se fait-elle gratifier de 24 000 écus sur les fermes du Languedoc ; puis « de la finance à laquelle ont été taxés les audianciers et conseillers des grandes et petites chancelleries du royaume et secrétaires d’icelles pour la survivance de leurs offices ; » encore a de la finance des offices de procureurs postulant es élections et greniers à sel du royaume. » Tel don comme celui des deniers « devant revenir de la levée des droits domaniaux dus au roi à cause des francs fiefs et nouveaux acquêts » lui rapporte le chiffre appréciable de 60 000 livres ; celui des deniers provenant de la création des offices de trésoriers triennaux, 100 000 ; et 100 000 aussi celui du droit qu’ont à payer tous individus exerçant leur office par provision.

Elle a profité ensuite de sa situation souveraine pour se faire octroyer par des personnages ou des assemblées des cadeaux d’argent plus ou moins considérables. Ici nous nous engageons dans la voie des procédés suspects. Elle disait que ces cadeaux étaient spontanés. Il y a des raisons de croire que l’acte généreux de l’assemblée générale du clergé de 1616 faisant hommage à la princesse « pour ses affaires particulières, » c’est-à-dire non à l’État mais à la caisse personnelle de Marie, de la somme de 100 000 livres avait été suggéré par l’intéressée. Jusqu’à quel point aussi le don analogue consenti par « les trois États du pays et duché de